Flynt – Itinéraire Bis
octobre 31, 2012 (One Comment) by Syka

Les fans de l’école du XVIIIe arrondissement parisien ne sont pas restés indifférents à la sortie de « J’éclaire Ma Ville » en 2007, premier album de Flynt, MC discret du nord de la capitale. Tout était là : refus d’une « racaillisation » à outrance sans s’égarer dans un intellectualisme hors de propos, instrus simple, flow précis, l’héritage de Fabe et la Scred en toile de fond, l’ensemble accompagné par le bruit du métro aérien de la ligne 2. Ajouté à cela le soutien, au micro comme à la prod, de quelques habitués du boulevard Hochechouart et voilà réunis les ingrédients parfaits pour que, « sur le terreau de la misère », fleurissent quelques classiques.

Et en bon artiste qui rap « Un pour la plume, ex-aequo avec le gros son », peu médiatisé, discret, assez solitaire et isolé dans le rap fr, Flynt disparaît, ne laissant pas de suite à son opus ni d’indice quant au futur de sa carrière. Le public, finalement assez peu surpris, se contentera de répondre présent lors de la tournée de concerts qui suivit (remember eve, Grenoble, mai 2008…).

C’est donc à moitié surpris et angoissé, à moitié impatient et soulagé, que 5ans plus tard, on découvre le premier extrait du nouvel album sur le web. Flynt prépare quelque chose de nouveau. Mais à quoi ça va ressembler? Loin du rap game et des artistes aux sorties quasi annuelles dont on peut suivre les moindres faits et gestes sur les différents réseaux sociaux, de quoi Flynt, dont on n’entend presque rien, si ce n’est quelques freestyles aux cotés de son acolyte Pejmaxx, va-t-il parler 5ans après « J’éclaire Ma Ville »? Que s’est-il passé depuis? Difficile de résister à l’écoute de « Haut la Main », le premier extrait, pour essayer de trouver des réponses.

Mais loin de satisfaire la curiosité, la puissance de l’instru de Nodey semble amplifier les questions. Le flow a changé un peu, c’est plus forcé… Les thèmes se seraient rapprochés de l’argent? ou d’une auto-glorification forcée? C’est peut-être juste une impression. Mine de rien, difficile de ne pas hocher la tête et de « backer la lead » du MC dès la deuxième écoute de l’extrait… Qu’est-ce que Flynt à voulut faire? Surmonter la déception d’un premier album à l’impact finalement discret? envie de plus de reconnaissance, de plus de réussite? On ne sait pas trop sur quel pied danser.

D’autant qu »Itinéraire Bis », le second morceau disponible sera correct mais sans plus. Les inutiles spéculations du fan ne peuvent que se multiplier… Ça va être décevant. Mais merde! On l’attendait pas (plus) cet album, pourquoi spéculer dessus? On verra bien… Oui mais Flynt sort un album… et en ré écoutant « Tourner la page », puis la prod. de Nodey, difficile de ne pas s’impatienter et spéculer quand même un peu… on aimerait bien ne pas être déçus.

Puis la tracklist apparaît sur les murs des quais Valmy, à quelques encablures d’une place Stalingrad qui résonne encore des couplets de J’éclaire Ma Ville et d’Explicit Dixhuit, « comme si c’était la veille ». Les interrogations flottent toujours… Orelsan en feat., apparemment 12 titres seulement… Et en y réfléchissant bien, quai Valmy c’est plus le 10e que le 18… Envie de réussite alors? déception confirmée?

Enfin l’album sort. Avant l’écoute les inquiétudes semblent se justifier. Il n’y a bien que 12 titres, et la pochette est plus proche du flyer (assez moyen) que de la pochette. Les 5 années de pause n’ont clairement pas apporté la fortune au MC Parisien. Ironique quand l’album se retrouve dans les nouveautés, coincé entre le Roi Sans Carrosse d’un Oxmo qui pose en costard dans des décors digne d’un reportage sur Alain Bashung et la réédition CD+DVD du Noir D**** d’un Youssoupha qui semble bien décidé à faire de 2012 son année. Comment Flynt va-t-il négocier sa rentrée 2012 à lui?

La sanction n’attend pas la 3e écoute pour tomber. En bon ou en mal, il n’y aura pas de surprise. Flynt continue de faire du Flynt. Ceux qui n’aimaient pas auront peu de chances de changer d’avis et peuvent CTRL-Wiser l’onglet. Essayons de décortiquer un peu plus pour les autres.

Sa « relative » non-réussite dans le rap, oui, Flynt en parle. Mais il évite d’en faire une faiblesse, et ne plombe pas sa sortie de cette lourdeur qui parfois accompagne les seconds albums. Ce n’est pas le disque d’un MC qui veut cracher sa jalousie et son dégoût du publique qui n’achète pas ses CD sous des faux airs de revanche et de règlement de comptes mal menés. Dans Itinéraire Bis, si les prods flirtent plus souvent avec le sombre que le festif, l’état d’esprit reste toujours et agréablement positif ou au moins chargé d’espoir. Même dans les moments difficiles (à l’exception peut-être de la chanson de mort).

Première conséquence : les extraits, mis dans le paysage général que dessinent les autres titres de l’album, prennent enfin toute leur ampleur et les couleurs avec lesquels Flynt les avait originalement peints. À l’écoute de « Haut la Main » l’intention pouvait paraître incertaine voir douteuse. Replacé dans la continuité des autres titres de l’album, les doutes s’effacent et l’ambiance générale finit de clouer le morceau en figure de proue d’un rap débordant de sincérité, de passion et de détermination, synthétisant avec réussite les motivations du MC que l’on retrouve sur l’ensemble de l’œuvre.

« Haut la main »

Clip audio : Le lecteur Adobe Flash (version 9 ou plus) est nécessaire pour la lecture de ce clip audio. Téléchargez la dernière version ici. Vous devez aussi avoir JavaScript activé dans votre navigateur.

La dernière piste, que Flynt termine en écho à son premier opus, est très représentative de cette ambiance positive que dégage le disque. Le titre du morceau « Le Dernier Seize (Yin & Yang) » annonce un constat à double face et pourtant la « face sombre » du premier couplet peine à être vraiment sombre (ce qui est loin d’être une tare!). Si le constat est à un échec résigné, il n’en demeure pas moins sincère et ne peut empêcher quelques bribes de la passion et de l’enthousiasme qui baigneront le second couplet de s’échapper.

Le tout sur une prod des Soulchidrens qui joue son rôle à merveille et qui prouve une fois encore le talent de ces deux artisans de la bande son de toute une école de ce rap du début des années 2010. Flynt prend même le risque de nous surprendre avec l’inattendu mais réussi « Mon Pote » sur lequel Orelsan apporte un brin d’originalité loin d’être superflu. Le Caennais propose un couplet plus que correct dans lequel il oscille entre l’humour cynique dont il a le secret et une sincérité qui se marie avec justesse à celle de son hôte.

Évidemment il y a du moins bien, des morceaux plus ou moins passables, comme il pouvait y en avoir sur J’éclaire Ma Ville. Des pistes aux thèmes plus ‘personnels’, dont on imagine sans peine qu’ils tiennent à cœur à l’artiste mais sur lesquels la plume de Flynt est moins convaincante (j’en ai marre de voir ta gueule, quand tu sera mort…).

On pourra aussi grommeler à la non originalité et à la simplicité de ce rap indépendant authentique qui parle de rap indépendant authentique ; de ces rappeurs ‘intègres’ qui parlent de leur intégrité. Et à juste titre probablement. Mais pourquoi grommeler et vouloir autre chose absolument, de l’innovant, du révolutionnaire. Pourquoi ne pas apprécier ce rap « normal » qui donne à la musique sa consistance en consolidant ses acquis, qui continue d’explorer ces univers que les classiques ont contribué à construire. Quelque chose de déjà fait, oui ! Mais toujours différent et toujours de qualité. Pourquoi alors ne pas juste laisser le disque sur repeat et apprécier la sincérité, les textes travaillés et la qualité du résultat? Flynt écrit sur ce qu’il a, avec ce qu’il a, il le fait bien et ça fonctionne toujours.

La seule vraie déception (si on met de côté la pochette qui pour le coup fait regretter le déplacement à la FNAC : Nakk a au moins pris la peine de préciser que « DARKSUN n’est pas un album, pour les remerciements je vous les ferai en live » au dos de la pochette/flyer de DARKSUN, seule pochette à peu près aussi pourri que celle d’Itineraire Bis. Flynt nous laisse avec une pochette sans rien dedans) reste la brièveté de l’album. On regrette ces 3 titres, qui font passer de 12 à 15, et dans lesquels s’étaient glissés « 1 pour la plume version équipe », « Rien ne nous appartient » et « Tourner la page » sur J’éclaire ma ville…

Enfin, Itinéraire Bis devrait donc trouver son public et accompagner l’hiver de nombreux amoureux de rap fr. Car c’est un très bon album de plus pour cette année 2012 déjà bien remplie, un nouvel album de plus par un nouveau père de famille de plus dans ce rap français qui décidément, qu’on le veuille ou non, qu’on le pense prêt pour ou non, a bien décidé de mûrir. Et n’en déplaise à ceux qui imaginaient le rap mûr en ex soixante-huitards s’achetant des toyotas familiales et à ceux qui ne voient cette musique qu’à travers des lunettes teintées d’une triste monochromie, mais si il mûrit, ce rap français mûrit dans un joyeux bordel coloré en épousant les sensibilités de chacun de ses acteurs.

Comme si il suivait le vœu juste et trop rarement avancé d’un Flynt qui est « pour que chacun lui donne la direction qu’il souhaite ». Ainsi pendant qu’Oxmo Puccino ouvre au rap les portes de Télérama et lui offre une place au chaud dans les salons du 11e entre bracelets faits mains, Nouveau Casino, contrebasses et disques de Vincent Delerm, pendant que Rohff et Booba continuent de le viriliser à grand renfort d’insultes et de muscles huilés, le débarrassant de tout signe extérieur d’intelligence superflue, Flynt lui offre, album après album, les briques sans fioriture d’un rap qui lui ressemble et qu’il aime, taillées avec la patience, la minutie et « la force des mots sincères des pacifistes », comme dirait un autre dix-huitièmiste. Pour le plus grand plaisir de ceux qui n’attendaient rien de Flynt, si ce n’est du rap dont on n’attend rien d’autre (ou rien de moins) que de la bonne musique.

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Flynt – Itinéraire Bis
octobre 31, 2012 (One Comment) by Syka

Les fans de l’école du XVIIIe arrondissement parisien ne sont pas restés indifférents à la sortie de « J’éclaire Ma Ville » en 2007, premier album de Flynt, MC discret du nord de la capitale. Tout était là : refus d’une « racaillisation » à outrance sans s’égarer dans un intellectualisme hors de propos, instrus simple, flow précis, l’héritage de Fabe et la Scred en toile de fond, l’ensemble accompagné par le bruit du métro aérien de la ligne 2. Ajouté à cela le soutien, au micro comme à la prod, de quelques habitués du boulevard Hochechouart et voilà réunis les ingrédients parfaits pour que, « sur le terreau de la misère », fleurissent quelques classiques.

Et en bon artiste qui rap « Un pour la plume, ex-aequo avec le gros son », peu médiatisé, discret, assez solitaire et isolé dans le rap fr, Flynt disparaît, ne laissant pas de suite à son opus ni d’indice quant au futur de sa carrière. Le public, finalement assez peu surpris, se contentera de répondre présent lors de la tournée de concerts qui suivit (remember eve, Grenoble, mai 2008…).

C’est donc à moitié surpris et angoissé, à moitié impatient et soulagé, que 5ans plus tard, on découvre le premier extrait du nouvel album sur le web. Flynt prépare quelque chose de nouveau. Mais à quoi ça va ressembler? Loin du rap game et des artistes aux sorties quasi annuelles dont on peut suivre les moindres faits et gestes sur les différents réseaux sociaux, de quoi Flynt, dont on n’entend presque rien, si ce n’est quelques freestyles aux cotés de son acolyte Pejmaxx, va-t-il parler 5ans après « J’éclaire Ma Ville »? Que s’est-il passé depuis? Difficile de résister à l’écoute de « Haut la Main », le premier extrait, pour essayer de trouver des réponses.

Mais loin de satisfaire la curiosité, la puissance de l’instru de Nodey semble amplifier les questions. Le flow a changé un peu, c’est plus forcé… Les thèmes se seraient rapprochés de l’argent? ou d’une auto-glorification forcée? C’est peut-être juste une impression. Mine de rien, difficile de ne pas hocher la tête et de « backer la lead » du MC dès la deuxième écoute de l’extrait… Qu’est-ce que Flynt à voulut faire? Surmonter la déception d’un premier album à l’impact finalement discret? envie de plus de reconnaissance, de plus de réussite? On ne sait pas trop sur quel pied danser.

D’autant qu »Itinéraire Bis », le second morceau disponible sera correct mais sans plus. Les inutiles spéculations du fan ne peuvent que se multiplier… Ça va être décevant. Mais merde! On l’attendait pas (plus) cet album, pourquoi spéculer dessus? On verra bien… Oui mais Flynt sort un album… et en ré écoutant « Tourner la page », puis la prod. de Nodey, difficile de ne pas s’impatienter et spéculer quand même un peu… on aimerait bien ne pas être déçus.

Puis la tracklist apparaît sur les murs des quais Valmy, à quelques encablures d’une place Stalingrad qui résonne encore des couplets de J’éclaire Ma Ville et d’Explicit Dixhuit, « comme si c’était la veille ». Les interrogations flottent toujours… Orelsan en feat., apparemment 12 titres seulement… Et en y réfléchissant bien, quai Valmy c’est plus le 10e que le 18… Envie de réussite alors? déception confirmée?

Enfin l’album sort. Avant l’écoute les inquiétudes semblent se justifier. Il n’y a bien que 12 titres, et la pochette est plus proche du flyer (assez moyen) que de la pochette. Les 5 années de pause n’ont clairement pas apporté la fortune au MC Parisien. Ironique quand l’album se retrouve dans les nouveautés, coincé entre le Roi Sans Carrosse d’un Oxmo qui pose en costard dans des décors digne d’un reportage sur Alain Bashung et la réédition CD+DVD du Noir D**** d’un Youssoupha qui semble bien décidé à faire de 2012 son année. Comment Flynt va-t-il négocier sa rentrée 2012 à lui?

La sanction n’attend pas la 3e écoute pour tomber. En bon ou en mal, il n’y aura pas de surprise. Flynt continue de faire du Flynt. Ceux qui n’aimaient pas auront peu de chances de changer d’avis et peuvent CTRL-Wiser l’onglet. Essayons de décortiquer un peu plus pour les autres.

Sa « relative » non-réussite dans le rap, oui, Flynt en parle. Mais il évite d’en faire une faiblesse, et ne plombe pas sa sortie de cette lourdeur qui parfois accompagne les seconds albums. Ce n’est pas le disque d’un MC qui veut cracher sa jalousie et son dégoût du publique qui n’achète pas ses CD sous des faux airs de revanche et de règlement de comptes mal menés. Dans Itinéraire Bis, si les prods flirtent plus souvent avec le sombre que le festif, l’état d’esprit reste toujours et agréablement positif ou au moins chargé d’espoir. Même dans les moments difficiles (à l’exception peut-être de la chanson de mort).

Première conséquence : les extraits, mis dans le paysage général que dessinent les autres titres de l’album, prennent enfin toute leur ampleur et les couleurs avec lesquels Flynt les avait originalement peints. À l’écoute de « Haut la Main » l’intention pouvait paraître incertaine voir douteuse. Replacé dans la continuité des autres titres de l’album, les doutes s’effacent et l’ambiance générale finit de clouer le morceau en figure de proue d’un rap débordant de sincérité, de passion et de détermination, synthétisant avec réussite les motivations du MC que l’on retrouve sur l’ensemble de l’œuvre.

« Haut la main »

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La dernière piste, que Flynt termine en écho à son premier opus, est très représentative de cette ambiance positive que dégage le disque. Le titre du morceau « Le Dernier Seize (Yin & Yang) » annonce un constat à double face et pourtant la « face sombre » du premier couplet peine à être vraiment sombre (ce qui est loin d’être une tare!). Si le constat est à un échec résigné, il n’en demeure pas moins sincère et ne peut empêcher quelques bribes de la passion et de l’enthousiasme qui baigneront le second couplet de s’échapper.

Le tout sur une prod des Soulchidrens qui joue son rôle à merveille et qui prouve une fois encore le talent de ces deux artisans de la bande son de toute une école de ce rap du début des années 2010. Flynt prend même le risque de nous surprendre avec l’inattendu mais réussi « Mon Pote » sur lequel Orelsan apporte un brin d’originalité loin d’être superflu. Le Caennais propose un couplet plus que correct dans lequel il oscille entre l’humour cynique dont il a le secret et une sincérité qui se marie avec justesse à celle de son hôte.

Évidemment il y a du moins bien, des morceaux plus ou moins passables, comme il pouvait y en avoir sur J’éclaire Ma Ville. Des pistes aux thèmes plus ‘personnels’, dont on imagine sans peine qu’ils tiennent à cœur à l’artiste mais sur lesquels la plume de Flynt est moins convaincante (j’en ai marre de voir ta gueule, quand tu sera mort…).

On pourra aussi grommeler à la non originalité et à la simplicité de ce rap indépendant authentique qui parle de rap indépendant authentique ; de ces rappeurs ‘intègres’ qui parlent de leur intégrité. Et à juste titre probablement. Mais pourquoi grommeler et vouloir autre chose absolument, de l’innovant, du révolutionnaire. Pourquoi ne pas apprécier ce rap « normal » qui donne à la musique sa consistance en consolidant ses acquis, qui continue d’explorer ces univers que les classiques ont contribué à construire. Quelque chose de déjà fait, oui ! Mais toujours différent et toujours de qualité. Pourquoi alors ne pas juste laisser le disque sur repeat et apprécier la sincérité, les textes travaillés et la qualité du résultat? Flynt écrit sur ce qu’il a, avec ce qu’il a, il le fait bien et ça fonctionne toujours.

La seule vraie déception (si on met de côté la pochette qui pour le coup fait regretter le déplacement à la FNAC : Nakk a au moins pris la peine de préciser que « DARKSUN n’est pas un album, pour les remerciements je vous les ferai en live » au dos de la pochette/flyer de DARKSUN, seule pochette à peu près aussi pourri que celle d’Itineraire Bis. Flynt nous laisse avec une pochette sans rien dedans) reste la brièveté de l’album. On regrette ces 3 titres, qui font passer de 12 à 15, et dans lesquels s’étaient glissés « 1 pour la plume version équipe », « Rien ne nous appartient » et « Tourner la page » sur J’éclaire ma ville…

Enfin, Itinéraire Bis devrait donc trouver son public et accompagner l’hiver de nombreux amoureux de rap fr. Car c’est un très bon album de plus pour cette année 2012 déjà bien remplie, un nouvel album de plus par un nouveau père de famille de plus dans ce rap français qui décidément, qu’on le veuille ou non, qu’on le pense prêt pour ou non, a bien décidé de mûrir. Et n’en déplaise à ceux qui imaginaient le rap mûr en ex soixante-huitards s’achetant des toyotas familiales et à ceux qui ne voient cette musique qu’à travers des lunettes teintées d’une triste monochromie, mais si il mûrit, ce rap français mûrit dans un joyeux bordel coloré en épousant les sensibilités de chacun de ses acteurs.

Comme si il suivait le vœu juste et trop rarement avancé d’un Flynt qui est « pour que chacun lui donne la direction qu’il souhaite ». Ainsi pendant qu’Oxmo Puccino ouvre au rap les portes de Télérama et lui offre une place au chaud dans les salons du 11e entre bracelets faits mains, Nouveau Casino, contrebasses et disques de Vincent Delerm, pendant que Rohff et Booba continuent de le viriliser à grand renfort d’insultes et de muscles huilés, le débarrassant de tout signe extérieur d’intelligence superflue, Flynt lui offre, album après album, les briques sans fioriture d’un rap qui lui ressemble et qu’il aime, taillées avec la patience, la minutie et « la force des mots sincères des pacifistes », comme dirait un autre dix-huitièmiste. Pour le plus grand plaisir de ceux qui n’attendaient rien de Flynt, si ce n’est du rap dont on n’attend rien d’autre (ou rien de moins) que de la bonne musique.

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