Boom bap, ou une certaine définition du rap
mars 20, 2022 (No Comments) by Bongo
James-Digger-©-Philipe-Hamon

James Digger par le photographe Philippe Hamon.

Boom bap, ça vous dit quelque chose ? C’est ce qui a bercé toute une génération, biberonnée au rap des années 80/90 des Nas, Gang Starr, KRS-One ou Wu-Tang Clan, outre-atlantique, et IAM, NTM, Oxmo Puccino ou la Scred Connexion, côté français. Un nom passé inaperçu jusqu’à présent, mais avec qui il faudra compter désormais : James Digger. Après un premier volume qui a tourné en boucle chez les aficionados, le voilà qui remet le couvert ce 25 mars 2022 avec Badaboombap Vol.2, ou le second volet d’une série de compiles qu’on espère longue et pleine de rebondissements.

Sur ce nouvel opus : le retour inattendu de Passi, l’altesse Double S (Ministère Amer), mais aussi le vétéran Monsieur Rockin’ Squat du Possee Assassin. Rien que ça ! Pour le reste, on vous laisse découvrir par vous-même, à travers les quelques productions qui parsèment cette interview. Magneto… James.

Cosmic Hip Hop : Pour commencer, parlons de Boom bap… Quelle est ta vision de ce style musical ?

James Digger : Pour moi c’est quelque chose d’authentique, avec un bon MC sur un beat pas trop rapide. Pas forcément un beat qui fait “boom bap”, mais une prod avec peu d’effets et un mec qui kicke avec sincérité. Que ce soit avec un message, ou juste un égotrip, peu importe, tant qu’il y a une vraie sincérité. C’est ça qui m’anime en tous cas. J’arrive à 40 ans, c’est le son avec lequel j’ai grandi, donc forcément, il y a la nostalgie qui joue. C’est pour ça que ça me fait vibrer, et forcément j’ai envie de faire perdurer ce son-là, à mon échelle. Je continue de me faire plaisir. Et même si ça m’arrive de faire des choses plus actuelles, c’est dans le boom bap que je vais m’éclater le plus.

James-Digger-bac-©-Philipe-Hamon

Back dans les bacs ! Photo © Philippe Hamon.

Tu parles là d’état d’esprit. Mais techniquement, les repères sont le BPM, entre 80 et 90, et le recours à beaucoup de samples. C’est ce qui lui donne de l’âme, ce côté vivant, organique, qui vient équilibrer le travail des machines.

Tout à fait : le sample, c’est toute ma vie. J’ai des morceaux qui sont samplés de A à Z. Mais je suis aussi très content de travailler avec des musiciens. Quand je trouve que l’apport d’un violon est important, je fais venir un violoniste. Sur le titre avec Rockin’ Squat et Serka (sur Badaboombap Vol.2), j’ai invité une joueuse de kanoun, un instrument turque qui se joue à plat, et qui apporte un vrai plus au morceau. Mais bien sûr, le boom bap c’est le sample avant tout, et c’est ce mélange entre la rythmique et le sample qui donne ce son unique, et dont on ne se lasse pas. D’ailleurs, je pars toujours du sample, et pas de la rythmique.

Après le sample et la rythmique, on passe à la basse… Comment est-ce que tu procèdes, tu joues ?

Non, je programme tout. J’ai un clavier midi, et trois sons de basse, que j’ai décidé de conserver au fil des années, parce qu’ils sonnent bien. J’ai trouvé dernièrement un nouveau son de basse, que je vais beaucoup utiliser je pense (rires). Il est bien rond, et s’adapte sur plein de styles. La plupart du temps, je ne vais pas chercher les notes qui vont forcément aller avec le sample. J’y vais au feeling, j’essaie plusieurs trucs. Ce n’est pas mon point fort, mais j’y travaille. En général d’ailleurs, je travaille les lignes de basse deux octaves plus haut, et après je redescends tout, pour voir si ça colle vraiment bien avec la mélodie. Je le joue un peu comme une mélodie, mais en beaucoup plus simple.

Pour revenir au travail sur le sample, tu dois passer énormément de temps à écouter de la musique, pour trouver la perle rare, l’échantillon précieux ?

J’y passe des heures. Je mets plein de trucs de côté. Je peux passer des journées entières à écouter des morceaux, plus de mille morceaux dans la semaine pour trouver peut-être juste deux morceaux dont je me servirai. Mais c’est un vrai kiff, ce n’est pas une galère. La plupart du temps, je vais aller piocher des samples en me disant que j’ai trouvé une rareté. Je n’aime pas utiliser une mélodie qui a déjà fait elle-même un carton, et a été écoutée trois millions de fois par des gens qui aiment ce style de musique. Prendre un morceau de musique du monde, qui a déjà été écouté plein de fois, et se permettre de le piquer juste parce qu’on ne le connaît pas en France, je trouve ça abusé. Je suis content quand je trouve des raretés, même un morceau sur YouTube avec 112 écoutes, publié il y a huit ans… là je me dis c’est cool, je suis content de ma trouvaille. D’ailleurs, je ne sample que des morceaux parus avant 1975.

Comment choisis-tu les artistes qui sont invités sur l’album ?

En général j’ai des souhaits en tête. Depuis Badaboombap Vol.1, petit à petit, je suis en train de faire ma place, même si je fais des instrus depuis longtemps. Cela a commencé avec TonyToxik de L’uZine, j’avais vraiment kiffé son album ‘88’. Je l’ai contacté, il avait déjà entendu parler de moi, et c’est parti de là. Je savais que j’allais faire un album, il fallait juste un point de départ. J’avais déjà le concept en tête, d’un album boom bap avec du rap ricain et du rap français. Je voulais mélanger les deux parce que, étant ado, j’ai kiffé ce genre de compiles comme le Cut Killer Show. C’est quelque chose qui s’est un peu perdu ces dernières années.

J’avais déjà sorti une compile en 2009, Babytraxx is James Digger, où il y avait beaucoup de ricains, donc j’avais déjà pas mal de contacts. J’avais déjà fait un son avec Andrea, et quand je l’ai recontactée, elle était super contente de le faire. On a décidé ensemble de la direction du morceau, parce qu’elle est plus slameuse que rappeuse : son texte est un peu comme une poésie. Et je voulais absolument qu’elle chante au refrain. Cela donne un truc un peu old school, à la Lauryn Hill, où tu as deux grands complets de rap et des refrains chantés.

Sur ce volume 2, on retrouve des grands noms, dont certains qu’on n’avait pas entendus depuis longtemps, comme Passi ou Rockin’ Squat.

Rockin’ Squat, c’est une longue histoire, parce que je le connais depuis longtemps. Il suit ce que je fais depuis un moment, et j’ai eu la chance de faire un clip et plusieurs prods pour lui. Il devait être sur le Vol.1 mais il n’avait pas eu le temps. Je ne lui ai envoyé qu’une seule instru, parce que je savais que ce serait celle-là, et il a kiffé tout de suite. Il m’a proposé d’inviter quelqu’un sur le titre, c’est quelque chose qu’il fait beaucoup, notamment à travers ses compiles Excuse My French (avec à chaque fois le fameux final ‘L’Underground s’exprime’, ndr). Il a toujours cette démarche de ramener de nouvelles têtes, et ça c’est cool. C’est un vrai gars qui fait ce qu’il dit. Je suis super content qu’il m’ait présenté Serka (le MC invité sur le morceau en question, ndr).

Même chose pour Passi, tant que le morceau n’était pas fait, je ne savais pas trop. Aujourd’hui je peux le dire, quand il s’engage sur un truc il va jusqu’au bout. Il a été très impliqué sur le morceau qu’il a fait. Ce n’est pas le morceau le plus boom bap de l’album d’ailleurs. Cela fait tellement plaisir d’entendre la voix de Passi. Pour la petite histoire, il connaît très bien le photographe avec lequel je travaille pour les pochettes. Il s’agit de Philippe Hamon, qui a suivi tout le Secteur Ä et le Minister Amer, depuis le début. Il a été un grand photographe du rap des années 90. C’est lui qui m’a proposé d’amener Passi sur le projet.

Peux-tu nous parler de la rencontre avec Masta Ace ?

Pour moi c’est un vrai rêve de gamin. Cela me ramène à la première fois de ma vie où je suis allé à New York. Je ne connaissais pas ce rappeur, je ne l’ai pas rencontré là-bas mais c’est là que j’ai découvert sa musique. Je me suis retrouvé un jour dans un appart à prendre le petit déj’ avec un journaliste de Radikal à l’époque. C’est lui qui m’a fait découvrir Masta Ace, qui est l’une des influences principales d’Eminem. Et depuis, je n’ai pas arrêté de le suivre, j’ai eu vraiment un gros kiff pour tout son travail. Et régulièrement, je lui envoyais des instrus, en me disant, on verra bien. On n’a jamais rien fait ensemble, mais on a commencé à discuter régulièrement. Petit à petit, il a commencé à venir liker des publications, des intrus, etc. Et un jour, on a eu la chance de faire un titre ensemble, sur l’album de quelqu’un d’autre, où j’ai collaboré à l’instru. Et de là, le lien s’est noué un peu plus. Il aurait dû être sur le Vol.1, ça ne s’est pas fait, et pendant la création du Vol.2, avec les différents confinements, il a eu plus de temps. Je lui ai envoyé une dizaine d’instrus et un jour il m’a envoyé un mail pour me dire, c’est celle-là, c’est le feu.

Chaque titre est une aventure ! Est-ce qu’il t’arrive de demander aux artistes de faire des retouches, quand quelque chose ne te plait pas ?

C’est délicat, parce que je n’écris pas, et en même temps c’est mon album… Pour prendre un exemple, un des artistes invités m’avait envoyé son morceau. Et quelque chose me dérangeait dans le refrain, quelque chose qui pour moi ne se dit pas à notre époque. Il a entendu ce que j’ai dit, et a humblement accepté de faire une nouvelle version. Un autre exemple, au niveau de la prod, le morceau avec Souffrance et CenZa. Ils avaient enregistré leurs pistes, et j’ai voulu ajouter quelques basses un peu drill, quelque chose de plus actuel. Dans les drums, le morceau a ce côté boom bap, mais dans la basse je voulais qu’il ait un côté très actuel. Je me suis permis de le faire après, une fois que le morceau était terminé. Je leur ai envoyé la version finale : ça ne dérangeait pas Souffrance, par contre CenZa n’aimait pas du tout. J’ai essayé de défendre mon idée, on a bien rigolé à parler de cette ligne de basse, et finalement je me suis dit que ça risquait de mal vieillir. C’est ce que j’aime dans le boom bap, ce côté intemporel.

Propos recueillis par Laurent Perrin
Photos Philippe Hamon

+ Lire également l’interview de notre ami Dany / HipHop4Ever parue à l’occasion du Vol. 1.
+ Le bandcamp de James Digger.
+ Commander l’album.

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Boom bap, ça vous dit quelque chose ? C’est ce qui a bercé toute une génération, biberonnée au rap des années 80/90 des Nas, Gang Starr, KRS-One ou Wu-Tang Clan, outre-atlantique, et IAM, NTM, Oxmo Puccino ou la Scred Connexion, côté français. Un nom passé inaperçu jusqu’à présent, mais avec qui il faudra compter désormais : James Digger. Après un premier volume qui a tourné en boucle chez les aficionados, le voilà qui remet le couvert ce 25 mars 2022 avec Badaboombap Vol.2, ou le second volet d’une série de compiles qu’on espère longue et pleine de rebondissements.

Sur ce nouvel opus : le retour inattendu de Passi, l’altesse Double S (Ministère Amer), mais aussi le vétéran Monsieur Rockin’ Squat du Possee Assassin. Rien que ça ! Pour le reste, on vous laisse découvrir par vous-même, à travers les quelques productions qui parsèment cette interview. Magneto… James.

Cosmic Hip Hop : Pour commencer, parlons de Boom bap… Quelle est ta vision de ce style musical ?

James Digger : Pour moi c’est quelque chose d’authentique, avec un bon MC sur un beat pas trop rapide. Pas forcément un beat qui fait “boom bap”, mais une prod avec peu d’effets et un mec qui kicke avec sincérité. Que ce soit avec un message, ou juste un égotrip, peu importe, tant qu’il y a une vraie sincérité. C’est ça qui m’anime en tous cas. J’arrive à 40 ans, c’est le son avec lequel j’ai grandi, donc forcément, il y a la nostalgie qui joue. C’est pour ça que ça me fait vibrer, et forcément j’ai envie de faire perdurer ce son-là, à mon échelle. Je continue de me faire plaisir. Et même si ça m’arrive de faire des choses plus actuelles, c’est dans le boom bap que je vais m’éclater le plus.

James-Digger-bac-©-Philipe-Hamon

Back dans les bacs ! Photo © Philippe Hamon.

Tu parles là d’état d’esprit. Mais techniquement, les repères sont le BPM, entre 80 et 90, et le recours à beaucoup de samples. C’est ce qui lui donne de l’âme, ce côté vivant, organique, qui vient équilibrer le travail des machines.

Tout à fait : le sample, c’est toute ma vie. J’ai des morceaux qui sont samplés de A à Z. Mais je suis aussi très content de travailler avec des musiciens. Quand je trouve que l’apport d’un violon est important, je fais venir un violoniste. Sur le titre avec Rockin’ Squat et Serka (sur Badaboombap Vol.2), j’ai invité une joueuse de kanoun, un instrument turque qui se joue à plat, et qui apporte un vrai plus au morceau. Mais bien sûr, le boom bap c’est le sample avant tout, et c’est ce mélange entre la rythmique et le sample qui donne ce son unique, et dont on ne se lasse pas. D’ailleurs, je pars toujours du sample, et pas de la rythmique.

Après le sample et la rythmique, on passe à la basse… Comment est-ce que tu procèdes, tu joues ?

Non, je programme tout. J’ai un clavier midi, et trois sons de basse, que j’ai décidé de conserver au fil des années, parce qu’ils sonnent bien. J’ai trouvé dernièrement un nouveau son de basse, que je vais beaucoup utiliser je pense (rires). Il est bien rond, et s’adapte sur plein de styles. La plupart du temps, je ne vais pas chercher les notes qui vont forcément aller avec le sample. J’y vais au feeling, j’essaie plusieurs trucs. Ce n’est pas mon point fort, mais j’y travaille. En général d’ailleurs, je travaille les lignes de basse deux octaves plus haut, et après je redescends tout, pour voir si ça colle vraiment bien avec la mélodie. Je le joue un peu comme une mélodie, mais en beaucoup plus simple.

Pour revenir au travail sur le sample, tu dois passer énormément de temps à écouter de la musique, pour trouver la perle rare, l’échantillon précieux ?

J’y passe des heures. Je mets plein de trucs de côté. Je peux passer des journées entières à écouter des morceaux, plus de mille morceaux dans la semaine pour trouver peut-être juste deux morceaux dont je me servirai. Mais c’est un vrai kiff, ce n’est pas une galère. La plupart du temps, je vais aller piocher des samples en me disant que j’ai trouvé une rareté. Je n’aime pas utiliser une mélodie qui a déjà fait elle-même un carton, et a été écoutée trois millions de fois par des gens qui aiment ce style de musique. Prendre un morceau de musique du monde, qui a déjà été écouté plein de fois, et se permettre de le piquer juste parce qu’on ne le connaît pas en France, je trouve ça abusé. Je suis content quand je trouve des raretés, même un morceau sur YouTube avec 112 écoutes, publié il y a huit ans… là je me dis c’est cool, je suis content de ma trouvaille. D’ailleurs, je ne sample que des morceaux parus avant 1975.

Comment choisis-tu les artistes qui sont invités sur l’album ?

En général j’ai des souhaits en tête. Depuis Badaboombap Vol.1, petit à petit, je suis en train de faire ma place, même si je fais des instrus depuis longtemps. Cela a commencé avec TonyToxik de L’uZine, j’avais vraiment kiffé son album ‘88’. Je l’ai contacté, il avait déjà entendu parler de moi, et c’est parti de là. Je savais que j’allais faire un album, il fallait juste un point de départ. J’avais déjà le concept en tête, d’un album boom bap avec du rap ricain et du rap français. Je voulais mélanger les deux parce que, étant ado, j’ai kiffé ce genre de compiles comme le Cut Killer Show. C’est quelque chose qui s’est un peu perdu ces dernières années.

J’avais déjà sorti une compile en 2009, Babytraxx is James Digger, où il y avait beaucoup de ricains, donc j’avais déjà pas mal de contacts. J’avais déjà fait un son avec Andrea, et quand je l’ai recontactée, elle était super contente de le faire. On a décidé ensemble de la direction du morceau, parce qu’elle est plus slameuse que rappeuse : son texte est un peu comme une poésie. Et je voulais absolument qu’elle chante au refrain. Cela donne un truc un peu old school, à la Lauryn Hill, où tu as deux grands complets de rap et des refrains chantés.

Sur ce volume 2, on retrouve des grands noms, dont certains qu’on n’avait pas entendus depuis longtemps, comme Passi ou Rockin’ Squat.

Rockin’ Squat, c’est une longue histoire, parce que je le connais depuis longtemps. Il suit ce que je fais depuis un moment, et j’ai eu la chance de faire un clip et plusieurs prods pour lui. Il devait être sur le Vol.1 mais il n’avait pas eu le temps. Je ne lui ai envoyé qu’une seule instru, parce que je savais que ce serait celle-là, et il a kiffé tout de suite. Il m’a proposé d’inviter quelqu’un sur le titre, c’est quelque chose qu’il fait beaucoup, notamment à travers ses compiles Excuse My French (avec à chaque fois le fameux final ‘L’Underground s’exprime’, ndr). Il a toujours cette démarche de ramener de nouvelles têtes, et ça c’est cool. C’est un vrai gars qui fait ce qu’il dit. Je suis super content qu’il m’ait présenté Serka (le MC invité sur le morceau en question, ndr).

Même chose pour Passi, tant que le morceau n’était pas fait, je ne savais pas trop. Aujourd’hui je peux le dire, quand il s’engage sur un truc il va jusqu’au bout. Il a été très impliqué sur le morceau qu’il a fait. Ce n’est pas le morceau le plus boom bap de l’album d’ailleurs. Cela fait tellement plaisir d’entendre la voix de Passi. Pour la petite histoire, il connaît très bien le photographe avec lequel je travaille pour les pochettes. Il s’agit de Philippe Hamon, qui a suivi tout le Secteur Ä et le Minister Amer, depuis le début. Il a été un grand photographe du rap des années 90. C’est lui qui m’a proposé d’amener Passi sur le projet.

Peux-tu nous parler de la rencontre avec Masta Ace ?

Pour moi c’est un vrai rêve de gamin. Cela me ramène à la première fois de ma vie où je suis allé à New York. Je ne connaissais pas ce rappeur, je ne l’ai pas rencontré là-bas mais c’est là que j’ai découvert sa musique. Je me suis retrouvé un jour dans un appart à prendre le petit déj’ avec un journaliste de Radikal à l’époque. C’est lui qui m’a fait découvrir Masta Ace, qui est l’une des influences principales d’Eminem. Et depuis, je n’ai pas arrêté de le suivre, j’ai eu vraiment un gros kiff pour tout son travail. Et régulièrement, je lui envoyais des instrus, en me disant, on verra bien. On n’a jamais rien fait ensemble, mais on a commencé à discuter régulièrement. Petit à petit, il a commencé à venir liker des publications, des intrus, etc. Et un jour, on a eu la chance de faire un titre ensemble, sur l’album de quelqu’un d’autre, où j’ai collaboré à l’instru. Et de là, le lien s’est noué un peu plus. Il aurait dû être sur le Vol.1, ça ne s’est pas fait, et pendant la création du Vol.2, avec les différents confinements, il a eu plus de temps. Je lui ai envoyé une dizaine d’instrus et un jour il m’a envoyé un mail pour me dire, c’est celle-là, c’est le feu.

Chaque titre est une aventure ! Est-ce qu’il t’arrive de demander aux artistes de faire des retouches, quand quelque chose ne te plait pas ?

C’est délicat, parce que je n’écris pas, et en même temps c’est mon album… Pour prendre un exemple, un des artistes invités m’avait envoyé son morceau. Et quelque chose me dérangeait dans le refrain, quelque chose qui pour moi ne se dit pas à notre époque. Il a entendu ce que j’ai dit, et a humblement accepté de faire une nouvelle version. Un autre exemple, au niveau de la prod, le morceau avec Souffrance et CenZa. Ils avaient enregistré leurs pistes, et j’ai voulu ajouter quelques basses un peu drill, quelque chose de plus actuel. Dans les drums, le morceau a ce côté boom bap, mais dans la basse je voulais qu’il ait un côté très actuel. Je me suis permis de le faire après, une fois que le morceau était terminé. Je leur ai envoyé la version finale : ça ne dérangeait pas Souffrance, par contre CenZa n’aimait pas du tout. J’ai essayé de défendre mon idée, on a bien rigolé à parler de cette ligne de basse, et finalement je me suis dit que ça risquait de mal vieillir. C’est ce que j’aime dans le boom bap, ce côté intemporel.

Propos recueillis par Laurent Perrin
Photos Philippe Hamon

+ Lire également l’interview de notre ami Dany / HipHop4Ever parue à l’occasion du Vol. 1.
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