France – USA : un monde les sépare
avril 16, 2019 (No Comments) by Bongo

JHart_1050Depuis le temps qu’il vit aux Etats-Unis, le DJ français J Hart a pu observer les différences qui existent entre ces deux pays, en matière de hip hop notamment. Il nous livre son analyse.

Arrivé dans « la grosse pomme », un ami lui conseil d’acheter une caméra et de faire des interviews. Il se dit pourquoi pas ? J Hart a ainsi rencontré Sean Price, Chaz Williams ou encore Odyssey, dans des endroits farfelus.

C’était super intéressant, il faut savoir que Chaz Williams est l’un des plus gros braqueurs de banque des Etats-Unis. Il a produit 50 Cents en premier et beaucoup apporté à la communauté. Cette dimension sociale, à l’époque de la ségrégation, ça n’excuse pas les braquages, mais tu peux comprendre. C’est ce que j’essaie d’apporter dans les interviews, le côté humain de la chose, gratter la personnalité, les différentes facettes, que les artistes essaient généralement de cacher, surtout dans le hip hop.

JHart_794Aux US c’est un plus gros marché, c’est malheureux à dire, mais tout est une question de poids économique. A une époque en France, des mecs comme Kenzy (le boss de Secteur Ä, ndr) avaient un gros poids dans l’industrie. Il y avait des magazines, combien est-ce qu’il en reste aujourd’hui ? Il y avait Radikal, des gros labels indés. En France, les gens ont du mal à s’unir pour aller d’un point A à un point B ensemble.

Aux Etats-Unis ils sont dans une situation sociale où ils n’ont pas le choix de réussir. Il n’y a pas le RMI, pas d’aides, rien. En France, ce n’est pas la même motivation, parce que tu sais que même si tu échoues, tu auras le RSA, si tu vas chez le docteur tu auras la mutuelle, la CMU, etc. C’est peut-être ce qui a fait que les gens n’ont pas réussi à s’unir pour être fort au point de vue économique.

Aux Etats-Unis, la culture de l’entertainement

En France les gens ne se rendent pas compte que la vie est douce, même si elle peut être dure, tu es un peu dans un cocon. Si je compare aux Etats-Unis, si tu tombes malade, ça commence à être problématique, le dentiste etc. ça va de 100 à 600 dollars. Les gens ne se soignent pas trop. Ils ont des semaines de 40 heures, 15 jours de vacances. Je pense que c’est ce qui fait la différence entre la motivation d’un Américain et celle d’un Français.

JHart_639Aux US la culture d’entreprise, d’entertainment, est très présente. En France on est plus philosophe, on réfléchit peut-être un peu trop parfois. Ici ils ne réfléchissent peut-être pas assez, mais en tous cas les Américains, on peut leur dire ce qu’on veut, mais au niveau business, communication, ce sont les meilleurs.

En France, peu de solidarité dans le hip-hop

Il y a des choses qu’ils n’ont pas ici. La solidarité sociale en France c’est quand même quelque chose d’important. C’est paradoxal : les gens s’entraident en France mais dans le hip hop il n’y a pas ce côté là, à part peut-être dans l’underground. 

En France, quand ils auront compris que tu peux être noir, arabe, musulman, Chinois, n’importe quoi, et que tu peux être Français en même temps, ils accepteront mieux leur jeunesse, leurs habitants, et tout le monde ira mieux. 

La France est pourtant le deuxième marché dans le monde en matière de hip hop. La culture est là mais elle n’est pas encore reconnue. Ce qui me gène, c’est qu’il y a une espèce d’aristocratie dans tout. Mon problème avec Olivier Cachin, au delà de la question de sa légitimité, c’est le fait que ce soit toujours lui qu’on ramène sur un plateau télé. Il est doué mais il y a d’autres talents en France qui pourraient s’exprimer dans les médias.

JHart_485Imagine que tu n’es pas dans le hip hop et tu veux investir de l’argent. Tu regardes le journal et tu vois les embrouilles de Booba et Rohff, tu te dis « ah… encore des rappeurs ». À côté tu vois les mecs qui font de la techno, où il n’y a pas vraiment de bagarres, même s’il y a de la drogue qui tourne, avec le SAMU qui est présent. Ton choix est vite fait.

J Hart a sorti un EP qui s’intitule « Passeport » avec des featuring de Sean Price, HD Been Dope, Lucky Tatt, K Sparks…

JC & Bongo

Photos © Joshua Scott – www.joshuascottphoto.com

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France – USA : un monde les sépare
avril 16, 2019 (No Comments) by Bongo

JHart_1050Depuis le temps qu’il vit aux Etats-Unis, le DJ français J Hart a pu observer les différences qui existent entre ces deux pays, en matière de hip hop notamment. Il nous livre son analyse.

Arrivé dans « la grosse pomme », un ami lui conseil d’acheter une caméra et de faire des interviews. Il se dit pourquoi pas ? J Hart a ainsi rencontré Sean Price, Chaz Williams ou encore Odyssey, dans des endroits farfelus.

C’était super intéressant, il faut savoir que Chaz Williams est l’un des plus gros braqueurs de banque des Etats-Unis. Il a produit 50 Cents en premier et beaucoup apporté à la communauté. Cette dimension sociale, à l’époque de la ségrégation, ça n’excuse pas les braquages, mais tu peux comprendre. C’est ce que j’essaie d’apporter dans les interviews, le côté humain de la chose, gratter la personnalité, les différentes facettes, que les artistes essaient généralement de cacher, surtout dans le hip hop.

JHart_794Aux US c’est un plus gros marché, c’est malheureux à dire, mais tout est une question de poids économique. A une époque en France, des mecs comme Kenzy (le boss de Secteur Ä, ndr) avaient un gros poids dans l’industrie. Il y avait des magazines, combien est-ce qu’il en reste aujourd’hui ? Il y avait Radikal, des gros labels indés. En France, les gens ont du mal à s’unir pour aller d’un point A à un point B ensemble.

Aux Etats-Unis ils sont dans une situation sociale où ils n’ont pas le choix de réussir. Il n’y a pas le RMI, pas d’aides, rien. En France, ce n’est pas la même motivation, parce que tu sais que même si tu échoues, tu auras le RSA, si tu vas chez le docteur tu auras la mutuelle, la CMU, etc. C’est peut-être ce qui a fait que les gens n’ont pas réussi à s’unir pour être fort au point de vue économique.

Aux Etats-Unis, la culture de l’entertainement

En France les gens ne se rendent pas compte que la vie est douce, même si elle peut être dure, tu es un peu dans un cocon. Si je compare aux Etats-Unis, si tu tombes malade, ça commence à être problématique, le dentiste etc. ça va de 100 à 600 dollars. Les gens ne se soignent pas trop. Ils ont des semaines de 40 heures, 15 jours de vacances. Je pense que c’est ce qui fait la différence entre la motivation d’un Américain et celle d’un Français.

JHart_639Aux US la culture d’entreprise, d’entertainment, est très présente. En France on est plus philosophe, on réfléchit peut-être un peu trop parfois. Ici ils ne réfléchissent peut-être pas assez, mais en tous cas les Américains, on peut leur dire ce qu’on veut, mais au niveau business, communication, ce sont les meilleurs.

En France, peu de solidarité dans le hip-hop

Il y a des choses qu’ils n’ont pas ici. La solidarité sociale en France c’est quand même quelque chose d’important. C’est paradoxal : les gens s’entraident en France mais dans le hip hop il n’y a pas ce côté là, à part peut-être dans l’underground. 

En France, quand ils auront compris que tu peux être noir, arabe, musulman, Chinois, n’importe quoi, et que tu peux être Français en même temps, ils accepteront mieux leur jeunesse, leurs habitants, et tout le monde ira mieux. 

La France est pourtant le deuxième marché dans le monde en matière de hip hop. La culture est là mais elle n’est pas encore reconnue. Ce qui me gène, c’est qu’il y a une espèce d’aristocratie dans tout. Mon problème avec Olivier Cachin, au delà de la question de sa légitimité, c’est le fait que ce soit toujours lui qu’on ramène sur un plateau télé. Il est doué mais il y a d’autres talents en France qui pourraient s’exprimer dans les médias.

JHart_485Imagine que tu n’es pas dans le hip hop et tu veux investir de l’argent. Tu regardes le journal et tu vois les embrouilles de Booba et Rohff, tu te dis « ah… encore des rappeurs ». À côté tu vois les mecs qui font de la techno, où il n’y a pas vraiment de bagarres, même s’il y a de la drogue qui tourne, avec le SAMU qui est présent. Ton choix est vite fait.

J Hart a sorti un EP qui s’intitule « Passeport » avec des featuring de Sean Price, HD Been Dope, Lucky Tatt, K Sparks…

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