Entre deux projections, nous somme allés à la rencontre de Pascal Tessaud, le réalisateur du film Brooklyn. Parti de Saint Denis, avec quelques Canon 5D et beaucoup d’envie, son premier long métrage guérilla l’a emmené lui et son équipe de banlieusards dans les festivals de cinéma des quatre coins du monde à commencé par le Festival de cannes (sélection Acid) en 2014. Alors que son marathon d’avant premières touche à sa fin, il est revenu pour nous sur cette incroyable aventure, faite d’authenticité, de bagou et de spontanéité. Bref, de Hip Hop.
Un film sur le Hip Hop pour le Hip Hop. Voilà ce qu’a voulu faire Pascal Tessaud. C’est en effet le rap à textes des 90s qui lui a permis de se découvrir « un goût des mots et de la poésie« , et il a donc tenu à rendre hommage à cette « culture sous estimée en France« . Suivant la voie tracée par ses prédécesseurs dans le domaine du cinéma indépendant, , comme Rachid Djaïdani (Rengaine), Hakim Zoukani et Carine May (Rue des Cités), Djinn Carrénard (Donoma) et Jean Pascal Zadi (African Gangster). Il va donc se lancer lui aussi dans un projet ambitieux : faire de son 1er long métrage un film venant de la rue, basé sur l’improvisation, « à la limite entre le documentaire et la fiction ».
Une fois l’idée de scénario en poche, il va se mettre à la recherche de la perle rare pour son personnage principal. Son choix s’arrêtera sur KT Gorique (première femme championne du monde EOW en 2012), pour qui il a eu un véritable « coup de coeur« . Il va alors réunir une fine équipe de rappeurs, slameurs, beatmakers et acteurs de Saint Denis et d’ailleurs. On y retrouve aussi le son de la rappeuse américaine Akua Naru, l’apparition des MCs Milk Coffee and Sugar, Rafal Uchiwa et Blade MC, les Beatmakers Khulibaï et Dj Dusty, ainsi que les acteurs Liliane Rovère (Buffet Froid, Harry un ami qui vous veut du bien) et Jalil Naciri (Hexagone, Munich, Taken).
Les rappeurs n’ont cependant eu aucun mal pour s’identifier à la démarche du réalisateur, qui a fait son film « comme un fait un album« . Si Pascal Tessaud a assuré tout seul la production, Brooklyn est bien le résultat d’une aventure collective. Fidèle à son idée d’authenticité, il n’a pris qu’un mois de stage pour former les néophytes. Le Hip Hop étant avant tout une histoire d’improvisation, il a laissé énormément de liberté aux acteurs, avec qui il avait « une relation basée sur une confiance réciproque« . Les rappeurs se sont ainsi retrouvé à l’aise dans ce projet peu commun, bien aidé par Pascal qui s’efforçait de faire disparaître la pression de la caméra.
Derrière cette spontanéité se cache en effet un gros travail cinématographique. Afin de coller le plus possible à la réalité, il a cherché à capturer « ces moments de vérité, où [les acteurs] ne trichent plus« , en laissant deux caméras tourner en continu. Cadrage à l’épaule, travail sur le corps, il a tout fait pour capter le plus instinctivement possible la « présence féline » de KT Gorique. « Derrière la caméra mais proche des acteurs« , il a voulu que « le potentiel de la scène parisienne s’exprime » dans « la réalité sans frime d’une association« . Brooklyn, c’est avant tout l’histoire d’un crew, de son quotidien, de ses galères, ses réussites, ses passions et ses rivalités. C’est l’expression sans filtre d’une communauté à l’image du Hip Hop : accessible et universelle.
Avec cette « déclaration d’amour à l’émancipation et au collectif« , Pascal Tessaud signe un film qui s’adresse à tous. « N’importe qui peut se retrouver dans le combat du personnage principal« , et il s’inscrit ainsi dans cette nouvelle vague cinématographique qui entend corriger le manque de reconnaissance dont souffre la culture Hip Hop. Sa visibilité, il l’a doit à ses prédécesseurs, « sans qui rien de tout cela n’aurait été possible« , et aux portes qu’ils ont ouvertes, comme la sélection Acid de Cannes (Association pour le Cinéma Indépendant et sa Diffusion). En costard, à 30 sur la croisette, ils ont ainsi pu profiter d’une exposition internationale. De New York à Bucarest, en passant par Rio de Janeiro ou encore Milan, il trouve à chaque fois un écho à sa lutte contre la ghettoïsation et l’élitisme.
Face à l’exclusion « d’une population ignorée et délaissée« , le besoin de nouveaux médias et la réponse qu’il y apporte ont en effet une portée universelle. En prônant la prise de pouvoir et l’émulsion au sein d’un « mouvement culturel perpétuel qui bouscule l’industrie« , il rejoint un mouvement beaucoup plus large basé sur « la rage et la nécessité de s’exprimer« . À l’instar de ces cinéastes urbains qui l’ont inspiré, il veut « faire comprendre le patrimoine de la banlieue » pour en finir avec les clichés véhiculés par les grands médias, entre rap de voyou et individualisme (« C’est quoi réussir ta vie ? Atteindre le top des charts ou avoir un esprit critique ? »). Son bébé « prouve qu’il existe un publique a besoin de films qui leurs ressemblent, complexe, précis, ouvert et exigeant » en montrant « des gens qui vivent bien en banlieue ». Bien loin de l’aspect commercial, il a permis à la rue de prendre la parole et de s’exprimer en toute liberté. En somme, un film 100% Hip Hop.
Entre deux projections, nous somme allés à la rencontre de Pascal Tessaud, le réalisateur du film Brooklyn. Parti de Saint Denis, avec quelques Canon 5D et beaucoup d’envie, son premier long métrage guérilla l’a emmené lui et son équipe de banlieusards dans les festivals de cinéma des quatre coins du monde à commencé par le Festival de cannes (sélection Acid) en 2014. Alors que son marathon d’avant premières touche à sa fin, il est revenu pour nous sur cette incroyable aventure, faite d’authenticité, de bagou et de spontanéité. Bref, de Hip Hop.
Un film sur le Hip Hop pour le Hip Hop. Voilà ce qu’a voulu faire Pascal Tessaud. C’est en effet le rap à textes des 90s qui lui a permis de se découvrir « un goût des mots et de la poésie« , et il a donc tenu à rendre hommage à cette « culture sous estimée en France« . Suivant la voie tracée par ses prédécesseurs dans le domaine du cinéma indépendant, , comme Rachid Djaïdani (Rengaine), Hakim Zoukani et Carine May (Rue des Cités), Djinn Carrénard (Donoma) et Jean Pascal Zadi (African Gangster). Il va donc se lancer lui aussi dans un projet ambitieux : faire de son 1er long métrage un film venant de la rue, basé sur l’improvisation, « à la limite entre le documentaire et la fiction ».
Une fois l’idée de scénario en poche, il va se mettre à la recherche de la perle rare pour son personnage principal. Son choix s’arrêtera sur KT Gorique (première femme championne du monde EOW en 2012), pour qui il a eu un véritable « coup de coeur« . Il va alors réunir une fine équipe de rappeurs, slameurs, beatmakers et acteurs de Saint Denis et d’ailleurs. On y retrouve aussi le son de la rappeuse américaine Akua Naru, l’apparition des MCs Milk Coffee and Sugar, Rafal Uchiwa et Blade MC, les Beatmakers Khulibaï et Dj Dusty, ainsi que les acteurs Liliane Rovère (Buffet Froid, Harry un ami qui vous veut du bien) et Jalil Naciri (Hexagone, Munich, Taken).
Les rappeurs n’ont cependant eu aucun mal pour s’identifier à la démarche du réalisateur, qui a fait son film « comme un fait un album« . Si Pascal Tessaud a assuré tout seul la production, Brooklyn est bien le résultat d’une aventure collective. Fidèle à son idée d’authenticité, il n’a pris qu’un mois de stage pour former les néophytes. Le Hip Hop étant avant tout une histoire d’improvisation, il a laissé énormément de liberté aux acteurs, avec qui il avait « une relation basée sur une confiance réciproque« . Les rappeurs se sont ainsi retrouvé à l’aise dans ce projet peu commun, bien aidé par Pascal qui s’efforçait de faire disparaître la pression de la caméra.
Derrière cette spontanéité se cache en effet un gros travail cinématographique. Afin de coller le plus possible à la réalité, il a cherché à capturer « ces moments de vérité, où [les acteurs] ne trichent plus« , en laissant deux caméras tourner en continu. Cadrage à l’épaule, travail sur le corps, il a tout fait pour capter le plus instinctivement possible la « présence féline » de KT Gorique. « Derrière la caméra mais proche des acteurs« , il a voulu que « le potentiel de la scène parisienne s’exprime » dans « la réalité sans frime d’une association« . Brooklyn, c’est avant tout l’histoire d’un crew, de son quotidien, de ses galères, ses réussites, ses passions et ses rivalités. C’est l’expression sans filtre d’une communauté à l’image du Hip Hop : accessible et universelle.
Avec cette « déclaration d’amour à l’émancipation et au collectif« , Pascal Tessaud signe un film qui s’adresse à tous. « N’importe qui peut se retrouver dans le combat du personnage principal« , et il s’inscrit ainsi dans cette nouvelle vague cinématographique qui entend corriger le manque de reconnaissance dont souffre la culture Hip Hop. Sa visibilité, il l’a doit à ses prédécesseurs, « sans qui rien de tout cela n’aurait été possible« , et aux portes qu’ils ont ouvertes, comme la sélection Acid de Cannes (Association pour le Cinéma Indépendant et sa Diffusion). En costard, à 30 sur la croisette, ils ont ainsi pu profiter d’une exposition internationale. De New York à Bucarest, en passant par Rio de Janeiro ou encore Milan, il trouve à chaque fois un écho à sa lutte contre la ghettoïsation et l’élitisme.
Face à l’exclusion « d’une population ignorée et délaissée« , le besoin de nouveaux médias et la réponse qu’il y apporte ont en effet une portée universelle. En prônant la prise de pouvoir et l’émulsion au sein d’un « mouvement culturel perpétuel qui bouscule l’industrie« , il rejoint un mouvement beaucoup plus large basé sur « la rage et la nécessité de s’exprimer« . À l’instar de ces cinéastes urbains qui l’ont inspiré, il veut « faire comprendre le patrimoine de la banlieue » pour en finir avec les clichés véhiculés par les grands médias, entre rap de voyou et individualisme (« C’est quoi réussir ta vie ? Atteindre le top des charts ou avoir un esprit critique ? »). Son bébé « prouve qu’il existe un publique a besoin de films qui leurs ressemblent, complexe, précis, ouvert et exigeant » en montrant « des gens qui vivent bien en banlieue ». Bien loin de l’aspect commercial, il a permis à la rue de prendre la parole et de s’exprimer en toute liberté. En somme, un film 100% Hip Hop.