A nouveau en vadrouille dans Paname, fâcheuse habitude sur la rue Oberkampf, hop! Direction L’internationale dans le 11ème, je dois rejoindre les potos du Quartier (Libre), une chance, je peux les attraper avant qu’ils ne soient sur scène, en effet, ce soir ils font partie d’un plateau d’artistes avec musicien-instrumentistes, prêts à faire chauffer la salle et déchaîner les passions en tout genre, ce, sans faire de quartier… Pas de pitié pour le beat et les auditeurs, ils nous donneront juste le meilleur encore une fois, il y a foule à l’entrée du café-concert, bon, petite galère pour l’interview, toujours pas de dictaphone, heureusement mes otages sont compréhensifs et me prêtent main forte pour recueillir les propos passionnés des protagonistes rappeurs aux multiples talents Jiken et Réziztanza,
allons creuser joyeusement avant le concert et la sortie prochaine de leur album…
King Siroko (KS) : Ok, ok, alors le quartier, depuis combien de temps existez vous? Les membres du groupe? C’est quelle vibration qui se dégage de votre groupe? Et c’est quoi le concept? En fait,depuis quand ça rappe et pourquoi le quartier?
Jiken (J) : Jiken répond sur le microphone pour le quartier! Ca a commencé par Reziztanza et Jiken (moi), à l’époque je m’appelai Toskal, je venais du 9 5 et Gianni du 9 3 et de Picardie, on va pas le cacher… rires, donc on a commencé il y a 7 à 8 ans avec Gianni (Reziztanza). D’abord par des productions à la maison, des instrus et beaucoup des open mics, on allait poser un peut partout à l’époque. On a toujours été ouverts sur le côté musical parce que je suis musicien, je suis compositeur j’ai toujours été intéressé par des musiques comme la soul, le jazz…
Reziztanza (R) : actuellement, nous sommes 8 : on a Herbie à la batterie, Mattéo à la basse, Pock à la guitare, Rémi au clavier, puis deux chanteuses Jessie et Mary May, MC Reziztanza et Jiken, on a aussi une manageuse qui nous aide à s’organiser.
KS : Vous avez un Dj qui scratche?
Oui un Dj qui s’appelle…? Dj Pierre !! (rires), symphonie, un truc comme ça mais il n’aime pas qu’on l’appelle Dj. En fait son nom de scène c’est Sonath…Car notre selecta est aussi violoncelliste !
KS : Quand tu dis que tu es musicien… tu joues d’un instrument?
J :Oui, je suis musicien, je suis compositeur, je suis guitariste et je fais aussi du clavier pour les arrangements. Je tâte pas mal aussi les samplers, l’informatique musicale.
Gianni est arrivé avec un style bien à lui, assez roots, ragamuffin, chanté, avec son énergie… plutôt brute, je te dirais (Gianni confirme) mais tous les deux, nous sommes deux personnes qui avons toujours eu une volonté farouche d’être nous mêmes, on a jamais voulu imiter qui que ce soit, on peut pas vraiment parler d’influences.
L’orchestre est arrivé vers 2006/2007, la première version du groupe quartier libre on était 5; moi je faisais la guitare et je rappais en même temps, il y a avait un batteur, un bassiste, un clavier, Gianni et moi sur les microphones.
Ca n’a pas pris, on était en phase de recherche et c’est plus la quatrième qui l’a plus fait. La quatrième formule est arrivée vers le printemps 2012, assez récemment. Ca a été assez vite puisque ‘on a mûri le projet et on sait où on va.
KS : Pourquoi avoir choisi la formule hip hop/ rap avec un orchestre ?
J : On est tous les deux fils de la musique, on aime quand ça joue sur les planches, on adore le beat, l’instru.On va peut être y revenir, on a pas du tout abandonner ce côté là avec l’orchestre.
C’est juste que ça nous semblait plus intéressant de se faire connaître avec ce concept là vu nos personnalités artistiques que de faire comme 90 pour cent des rappeurs : se produire sur un beat.
R : On a beaucoup d’influences comme le jazz, du rap à l’ancienne au rap street, qui vont même aller dans le rock.
On a ce double amour, à la fois du beat binaire, sec, qui a été beaucoup rincé pendant 20/25 ans, tu vois bien groovy… et aussi cette passion pour l’altérité qui peut se passer dans un live musical, cette belle énergie avec des musiciens et t’as beau dire, t’as pas la même énergie quand t’as des gens qui jouent sur scène et se donnent et des mc’s qui posent sur une instru…
Bon, après, t’as des gens qui arrivent à te faire vibrer sur des instrus mais, là, on parle de gens extrêmement lourds, qui déchirent, en fait, si tu veux c’est la même différence qu’entre le cinéma et le théâtre avec ce côté humain qui te prend aux trips, cette expérience cathartique donc étant amoureux de la musique et tous les deux des mans frénétiques, on s’est dit qu’on avait envie de faire kiffer les gens comme ça, bref, on a envie d’avoir le vrai son.
KS : Y’a de plus en plus d’orchestre comme ça non?
R : C’est vrai, y’a pas mal de rappeurs qui ont démarré il y a 15 ans et qui maintenant, reviennent avec des backings bands. Par exemple Zoxea. C’est aussi une formule à la mode.
KS : Question de maturité musicale?
J : je pense que c’est une histoire de culture musicale, pas vraiment de maturité, les américains ont compris ça depuis un bon moment.
Quand tu regardes le film de Gondri qui s’appelle « Block Party », où c’est Dave Chapel qui organise une block party à Brooklyn et invite les Fugees qui étaient déjà séparées depuis un moment et c’est 2002 quand je te parle de ça. C’est une extension de la culture américaine, de la culture soul gospel. C’est le Hip Hop, clairement.
R : Questlove à la batterie, c’est presque mieux qu’une machine.
J : C’est à dire que, dans le sens commun black-américain, c’est absolument normal de faire chanter des rappeurs sur un band qui joue. (Reziztanza : on est interviewé par Wax Taylor, rires…)Du coup, pour nous, ça n’a jamais été une hérésie. Nous, on a toujours considéré ça comme quelque chose qui fallait faire.
Après la différence, c’est que le rap français a eu une véritable identité dans le beat making. Ce qu’on n’a pas oublié de développer d’ailleurs… j’ai toujours composé des instrus avec les machines.
A l’occasion, j’aimerai bien les sortir sur un maxi ou EP, un street album parce qu’il y a de quoi faire, un album qui soit plus rap français qui soit aussi un hommage au rap français. Pour l’instant, on a besoin d’adorer le Hip Hop faisant partie de la musique.
KS : Quelles sont vos inspirations, vos influences? Les racines ? Comment définir votre style?
R : C’est compliqué ça…Les racines sont forcément toutes les formes de black music possibles et imaginables, excepté peut être la socca et encore… tu vois ce que je veux dire … euh et quel style? … il y a clivage qui nous fait chier et qu’on essaye de dépasser, Je suis peut être sorti un peu de la question mais la démarche artistique est étroitement liée. La démarche du Quartier, c’est un désenclavement social en général, à notre niveau, bien sûr. On veut moins de communauté, plus de brassage. Il y a cette volonté d’ouvrir des portes qui se sont refermées car il y a une sorte de régression sociale aussi bien que musicale qu’on essaye de dépasser modestement.
Donc les influences principales : toute la black music et pour ce qui est du concept : la musique en vie et qui est née d’un mouvement de l’humain à l’humain. La musique qui est née quelque part dans le cœur d’une communauté qui va dans le cœur d’une autre communauté.
J : tu nous interroges nous mais il y aussi les chanteuses qui participent aussi largement à l’écriture du projet et qui chantent en anglais et c’est aussi qu’on a bon espoir que ce projet aille un peu plus loin qu’un public acquis du Hip Hop français. On peut aller toucher aussi les gens qui ne font pas partie du Hip Hop.
Je pense à Mary May qui est pas mal axée sur le ragga/reggae et Jessie qui est plus une chanteuse de folk.
En fait, c’est comment faire groover un beat simple comme poom tchack, poom poom tchack, ksssii…
Tous on est réunis autour du groove. Y’a un peu de rock mais on est vraiment pas dans une démarche commerciale. On est est pas pop rock donc les influences, je dirais, qu’elles sont celles de gens qui ont envie de dire quelque chose. On est pas dans la variété, ça a beau être facile à chanter, pour nous, c’est psychologiquement pas possible, c’est anti naturel. Nous, Ce qu’on aime c’est faire kiffer nos copains, nous faire kiffer, sortir de nos répéts et se dire « putain on a tout cartonner », sortir de concert, se dire la même choses, on s’en fout de pas avoir 50 milliards de fans devant nous.
KS : Quels sont les projets du quartier passé, présent et futur? Et les invités de votre LP à venir?
R : L’actualité, évidemment, c’est la sortie de notre EP « A vous de jouer! », pour lequel on va organiser un fat show case avec toute la famille, y’a une volonté farouche de faire du featuring.
Pas mal de clip qui vont arriver, y’a une tournée qui va s’organiser pour l’été 2014. Y’ a un featuring qui va sortir sur notre prochain album, avec King Siroko et Mista Floy et on espère que ça va tourner dans les milieux respectifs de nos deux MC’s favoris.
J : C’est vrai que comme on est un peu des extra terrestres dans le milieu du Hip Hop, on a parfois du mal à se faire aborder. En sortant l’album, les gens vont aussi comprendre qu’on fait du bête de son et que voilà,naturellement les choses vont venir, on est des artistes, on est appelé à rencontrer beaucoup d’autres artistes.
R : King Siroko, on lance un appel sur ta web radio, alors, si tu es Rocé, Fabe, MC Solaar ou un de leurs cousins proches, tu nous intéresses! (rires)
Tu peux nous contacter pour un featuring possibles.
Method man aussi, je sais qu’il a repris le yoga… (rires)
KS : Quelle vision du rap avez vous ? Y’a t il un engagement de votre part? Un message fort qui ressort du concept quartier (libre)?
J : le milieu rap, je l’ai trouvé pendant toute ma jeunesse assez mou du genou. Bon, j’ai grandi avec l’écoute d’artistes comme Time Bomb, avec des collectifs qui faisaient avancer le schmilblick en France et qui ont donné une pâte au rap français, je pense aussi à l’époque où les radios commerciales diffusaient de bons artistes, des artistes engagés et dont les directeurs artistes ne clouaient pas forcément le bec aux artistes de rap parce que ça fonctionnait comme ça.
Il y a eu une mauvaise période dans les années 2000 et je pense que beaucoup de puristes partageront cet avis. Il y a eu une dérive du Hip Hop et un clivage : il y a eu la partie complètement commerciale et la partie complètement underground. De ce terreau underground est né vers 2010, un renouveau du Hip Hop français, en tous cas, je trouve ça super d’aller dans des jams, aujourd’hui et de voir des mecs prendre le mic et faire des textes dans la pure tradition rap français.
Le rap est en train de prendre sa place dans la culture musicale française et enfin il y a un public pour la reconnaître parce qu’on a grandi tous avec ça parce que c’est la musique de notre époque. On a grandi avec des hits de Hip Hop. Je trouve que ça va de l’avant, j’ai une vision hyper positive.
KS : Un mot sur les actualités du monde, des réactions, des coups de gueule?
J : l’actualité, elle fait flipper car on vit dans un monde schizophrène et je crois qu’il faut faire avec.
L’être humain a une grosse capacité à aimer les autres et en même temps une grosse capacité se replier très vite sur lui-même; ça a toujours été comme ça. L’actualité ne m’intéresse pas plus que ça, je m’y intéresse parce que je m’intéresse à la race humaine mais je préfère qu’on parle d’art ici.
Je n’ai pas envie de t’en parler dans une interview, je te dis ça mais on peut en parler quand même…
KS: Le mot de la fin?
R : Big up à tous ceux qui font vivre le délire avec nous, qui est de reprendre entre nos mains notre art, nos arts, les artistes, les musiciens, qu’on les connaisse ou pas, les gens qui sont amoureux d’un Hip Hop poétique, humain, qui se la raconte pas, qui essaye de toucher. Rejoignez nous, vous êtes les bienvenus au Quartier! La porte est ouverte… peace!
Liens :
Let me fly : http://www.youtube.com/watch?v=IWQX0l9eyHg&feature=c4-overview&list=UUvdGbIrUZZ6IRXSb7UbthiQ
Clip plus le temps : http://www.youtube.com/watch?v=4sl5CgBEdYo&list=UUvdGbIrUZZ6IRXSb7UbthiQ
Rap l’addition : http://www.youtube.com/watch?v=E0wqYP0CRBI&list=UUvdGbIrUZZ6IRXSb7UbthiQ
Page FB : https://www.facebook.com/groups/306198059446554/
A nouveau en vadrouille dans Paname, fâcheuse habitude sur la rue Oberkampf, hop! Direction L’internationale dans le 11ème, je dois rejoindre les potos du Quartier (Libre), une chance, je peux les attraper avant qu’ils ne soient sur scène, en effet, ce soir ils font partie d’un plateau d’artistes avec musicien-instrumentistes, prêts à faire chauffer la salle et déchaîner les passions en tout genre, ce, sans faire de quartier… Pas de pitié pour le beat et les auditeurs, ils nous donneront juste le meilleur encore une fois, il y a foule à l’entrée du café-concert, bon, petite galère pour l’interview, toujours pas de dictaphone, heureusement mes otages sont compréhensifs et me prêtent main forte pour recueillir les propos passionnés des protagonistes rappeurs aux multiples talents Jiken et Réziztanza,
allons creuser joyeusement avant le concert et la sortie prochaine de leur album…
King Siroko (KS) : Ok, ok, alors le quartier, depuis combien de temps existez vous? Les membres du groupe? C’est quelle vibration qui se dégage de votre groupe? Et c’est quoi le concept? En fait,depuis quand ça rappe et pourquoi le quartier?
Jiken (J) : Jiken répond sur le microphone pour le quartier! Ca a commencé par Reziztanza et Jiken (moi), à l’époque je m’appelai Toskal, je venais du 9 5 et Gianni du 9 3 et de Picardie, on va pas le cacher… rires, donc on a commencé il y a 7 à 8 ans avec Gianni (Reziztanza). D’abord par des productions à la maison, des instrus et beaucoup des open mics, on allait poser un peut partout à l’époque. On a toujours été ouverts sur le côté musical parce que je suis musicien, je suis compositeur j’ai toujours été intéressé par des musiques comme la soul, le jazz…
Reziztanza (R) : actuellement, nous sommes 8 : on a Herbie à la batterie, Mattéo à la basse, Pock à la guitare, Rémi au clavier, puis deux chanteuses Jessie et Mary May, MC Reziztanza et Jiken, on a aussi une manageuse qui nous aide à s’organiser.
KS : Vous avez un Dj qui scratche?
Oui un Dj qui s’appelle…? Dj Pierre !! (rires), symphonie, un truc comme ça mais il n’aime pas qu’on l’appelle Dj. En fait son nom de scène c’est Sonath…Car notre selecta est aussi violoncelliste !
KS : Quand tu dis que tu es musicien… tu joues d’un instrument?
J :Oui, je suis musicien, je suis compositeur, je suis guitariste et je fais aussi du clavier pour les arrangements. Je tâte pas mal aussi les samplers, l’informatique musicale.
Gianni est arrivé avec un style bien à lui, assez roots, ragamuffin, chanté, avec son énergie… plutôt brute, je te dirais (Gianni confirme) mais tous les deux, nous sommes deux personnes qui avons toujours eu une volonté farouche d’être nous mêmes, on a jamais voulu imiter qui que ce soit, on peut pas vraiment parler d’influences.
L’orchestre est arrivé vers 2006/2007, la première version du groupe quartier libre on était 5; moi je faisais la guitare et je rappais en même temps, il y a avait un batteur, un bassiste, un clavier, Gianni et moi sur les microphones.
Ca n’a pas pris, on était en phase de recherche et c’est plus la quatrième qui l’a plus fait. La quatrième formule est arrivée vers le printemps 2012, assez récemment. Ca a été assez vite puisque ‘on a mûri le projet et on sait où on va.
KS : Pourquoi avoir choisi la formule hip hop/ rap avec un orchestre ?
J : On est tous les deux fils de la musique, on aime quand ça joue sur les planches, on adore le beat, l’instru.On va peut être y revenir, on a pas du tout abandonner ce côté là avec l’orchestre.
C’est juste que ça nous semblait plus intéressant de se faire connaître avec ce concept là vu nos personnalités artistiques que de faire comme 90 pour cent des rappeurs : se produire sur un beat.
R : On a beaucoup d’influences comme le jazz, du rap à l’ancienne au rap street, qui vont même aller dans le rock.
On a ce double amour, à la fois du beat binaire, sec, qui a été beaucoup rincé pendant 20/25 ans, tu vois bien groovy… et aussi cette passion pour l’altérité qui peut se passer dans un live musical, cette belle énergie avec des musiciens et t’as beau dire, t’as pas la même énergie quand t’as des gens qui jouent sur scène et se donnent et des mc’s qui posent sur une instru…
Bon, après, t’as des gens qui arrivent à te faire vibrer sur des instrus mais, là, on parle de gens extrêmement lourds, qui déchirent, en fait, si tu veux c’est la même différence qu’entre le cinéma et le théâtre avec ce côté humain qui te prend aux trips, cette expérience cathartique donc étant amoureux de la musique et tous les deux des mans frénétiques, on s’est dit qu’on avait envie de faire kiffer les gens comme ça, bref, on a envie d’avoir le vrai son.
KS : Y’a de plus en plus d’orchestre comme ça non?
R : C’est vrai, y’a pas mal de rappeurs qui ont démarré il y a 15 ans et qui maintenant, reviennent avec des backings bands. Par exemple Zoxea. C’est aussi une formule à la mode.
KS : Question de maturité musicale?
J : je pense que c’est une histoire de culture musicale, pas vraiment de maturité, les américains ont compris ça depuis un bon moment.
Quand tu regardes le film de Gondri qui s’appelle « Block Party », où c’est Dave Chapel qui organise une block party à Brooklyn et invite les Fugees qui étaient déjà séparées depuis un moment et c’est 2002 quand je te parle de ça. C’est une extension de la culture américaine, de la culture soul gospel. C’est le Hip Hop, clairement.
R : Questlove à la batterie, c’est presque mieux qu’une machine.
J : C’est à dire que, dans le sens commun black-américain, c’est absolument normal de faire chanter des rappeurs sur un band qui joue. (Reziztanza : on est interviewé par Wax Taylor, rires…)Du coup, pour nous, ça n’a jamais été une hérésie. Nous, on a toujours considéré ça comme quelque chose qui fallait faire.
Après la différence, c’est que le rap français a eu une véritable identité dans le beat making. Ce qu’on n’a pas oublié de développer d’ailleurs… j’ai toujours composé des instrus avec les machines.
A l’occasion, j’aimerai bien les sortir sur un maxi ou EP, un street album parce qu’il y a de quoi faire, un album qui soit plus rap français qui soit aussi un hommage au rap français. Pour l’instant, on a besoin d’adorer le Hip Hop faisant partie de la musique.
KS : Quelles sont vos inspirations, vos influences? Les racines ? Comment définir votre style?
R : C’est compliqué ça…Les racines sont forcément toutes les formes de black music possibles et imaginables, excepté peut être la socca et encore… tu vois ce que je veux dire … euh et quel style? … il y a clivage qui nous fait chier et qu’on essaye de dépasser, Je suis peut être sorti un peu de la question mais la démarche artistique est étroitement liée. La démarche du Quartier, c’est un désenclavement social en général, à notre niveau, bien sûr. On veut moins de communauté, plus de brassage. Il y a cette volonté d’ouvrir des portes qui se sont refermées car il y a une sorte de régression sociale aussi bien que musicale qu’on essaye de dépasser modestement.
Donc les influences principales : toute la black music et pour ce qui est du concept : la musique en vie et qui est née d’un mouvement de l’humain à l’humain. La musique qui est née quelque part dans le cœur d’une communauté qui va dans le cœur d’une autre communauté.
J : tu nous interroges nous mais il y aussi les chanteuses qui participent aussi largement à l’écriture du projet et qui chantent en anglais et c’est aussi qu’on a bon espoir que ce projet aille un peu plus loin qu’un public acquis du Hip Hop français. On peut aller toucher aussi les gens qui ne font pas partie du Hip Hop.
Je pense à Mary May qui est pas mal axée sur le ragga/reggae et Jessie qui est plus une chanteuse de folk.
En fait, c’est comment faire groover un beat simple comme poom tchack, poom poom tchack, ksssii…
Tous on est réunis autour du groove. Y’a un peu de rock mais on est vraiment pas dans une démarche commerciale. On est est pas pop rock donc les influences, je dirais, qu’elles sont celles de gens qui ont envie de dire quelque chose. On est pas dans la variété, ça a beau être facile à chanter, pour nous, c’est psychologiquement pas possible, c’est anti naturel. Nous, Ce qu’on aime c’est faire kiffer nos copains, nous faire kiffer, sortir de nos répéts et se dire « putain on a tout cartonner », sortir de concert, se dire la même choses, on s’en fout de pas avoir 50 milliards de fans devant nous.
KS : Quels sont les projets du quartier passé, présent et futur? Et les invités de votre LP à venir?
R : L’actualité, évidemment, c’est la sortie de notre EP « A vous de jouer! », pour lequel on va organiser un fat show case avec toute la famille, y’a une volonté farouche de faire du featuring.
Pas mal de clip qui vont arriver, y’a une tournée qui va s’organiser pour l’été 2014. Y’ a un featuring qui va sortir sur notre prochain album, avec King Siroko et Mista Floy et on espère que ça va tourner dans les milieux respectifs de nos deux MC’s favoris.
J : C’est vrai que comme on est un peu des extra terrestres dans le milieu du Hip Hop, on a parfois du mal à se faire aborder. En sortant l’album, les gens vont aussi comprendre qu’on fait du bête de son et que voilà,naturellement les choses vont venir, on est des artistes, on est appelé à rencontrer beaucoup d’autres artistes.
R : King Siroko, on lance un appel sur ta web radio, alors, si tu es Rocé, Fabe, MC Solaar ou un de leurs cousins proches, tu nous intéresses! (rires)
Tu peux nous contacter pour un featuring possibles.
Method man aussi, je sais qu’il a repris le yoga… (rires)
KS : Quelle vision du rap avez vous ? Y’a t il un engagement de votre part? Un message fort qui ressort du concept quartier (libre)?
J : le milieu rap, je l’ai trouvé pendant toute ma jeunesse assez mou du genou. Bon, j’ai grandi avec l’écoute d’artistes comme Time Bomb, avec des collectifs qui faisaient avancer le schmilblick en France et qui ont donné une pâte au rap français, je pense aussi à l’époque où les radios commerciales diffusaient de bons artistes, des artistes engagés et dont les directeurs artistes ne clouaient pas forcément le bec aux artistes de rap parce que ça fonctionnait comme ça.
Il y a eu une mauvaise période dans les années 2000 et je pense que beaucoup de puristes partageront cet avis. Il y a eu une dérive du Hip Hop et un clivage : il y a eu la partie complètement commerciale et la partie complètement underground. De ce terreau underground est né vers 2010, un renouveau du Hip Hop français, en tous cas, je trouve ça super d’aller dans des jams, aujourd’hui et de voir des mecs prendre le mic et faire des textes dans la pure tradition rap français.
Le rap est en train de prendre sa place dans la culture musicale française et enfin il y a un public pour la reconnaître parce qu’on a grandi tous avec ça parce que c’est la musique de notre époque. On a grandi avec des hits de Hip Hop. Je trouve que ça va de l’avant, j’ai une vision hyper positive.
KS : Un mot sur les actualités du monde, des réactions, des coups de gueule?
J : l’actualité, elle fait flipper car on vit dans un monde schizophrène et je crois qu’il faut faire avec.
L’être humain a une grosse capacité à aimer les autres et en même temps une grosse capacité se replier très vite sur lui-même; ça a toujours été comme ça. L’actualité ne m’intéresse pas plus que ça, je m’y intéresse parce que je m’intéresse à la race humaine mais je préfère qu’on parle d’art ici.
Je n’ai pas envie de t’en parler dans une interview, je te dis ça mais on peut en parler quand même…
KS: Le mot de la fin?
R : Big up à tous ceux qui font vivre le délire avec nous, qui est de reprendre entre nos mains notre art, nos arts, les artistes, les musiciens, qu’on les connaisse ou pas, les gens qui sont amoureux d’un Hip Hop poétique, humain, qui se la raconte pas, qui essaye de toucher. Rejoignez nous, vous êtes les bienvenus au Quartier! La porte est ouverte… peace!
Liens :
Let me fly : http://www.youtube.com/watch?v=IWQX0l9eyHg&feature=c4-overview&list=UUvdGbIrUZZ6IRXSb7UbthiQ
Clip plus le temps : http://www.youtube.com/watch?v=4sl5CgBEdYo&list=UUvdGbIrUZZ6IRXSb7UbthiQ
Rap l’addition : http://www.youtube.com/watch?v=E0wqYP0CRBI&list=UUvdGbIrUZZ6IRXSb7UbthiQ
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