Vîrus, artisan discret de son propre univers
décembre 18, 2014 (One Comment) by Syka

Vîrus c’est un mc originaire de Rouen qu’on aime tout particulièrement. J’avais déjà parlé de lui à l’occasion de son passage à l’édition 2013 du festival Bobigny Terre Hip Hop (n’oubliez pas d’ailleurs que l’édition 2015 se rapproche à grand pas) et j’avais très envie de l’interviewer. Cette interview aurait du se faire rapidement sachant que quelques mois après nous le faisions venir à Grenoble pour un concert qui s’averera mémorable, mais les aléas du direct font que peu de choses se passent comme prévu et l’interview fut repoussée. Depuis Vîrus à sorti un nouvel EP : « Faire Part » et à intégré le ‘super groupe’ Asocial Club, eux même auteurs du très bon « Tout Entrée Est Définitive ». C’est à l’occasion du premier echauffement parisien de l’Asocial Club que nous avons fini par nous croiser, à la terrasse de la Favela Chic où le tout jeune groupe devait assurer un show pour les journées Africana, avec en invité spécial, un certain Chuck D. L’occasion donc, avec 15 mois de retards, d’approfondir la vision du monde du rappeur de l’équipe  Rayon du Fond.

virusrdf

Cosmic Hip Hop : Je devais t’interviewer, c’était il y a plus d’un an et demi maintenant, que c’est-il passé depuis ?

Vîrus : Il y a eu Faire Part l’année dernière, quelques dates puis le projet avec l’Asocial Club, qui est actuellement le projet principal.

CHH : Le rap français est assez centralisé à Paris, est-ce que ça a pu être un obstacle pour toi qui viens de Rouen ? Est-ce que ça peut expliquer le temps que tu as mis avant d’avoir une exposition un peu plus nationale ?

V : Je ne pense pas que ce soit un problème géographique. Il y a certains styles, certains sons peut-être, qui ont des résonances différentes. Et avec Internet aujourd’hui, la géographie compte encore moins qu’avant. Un obstacle local oui, surtout si tu as choisi de rester dans ton coin. Mais moi je suis d’une province qu’ils appellent « La Grande Couronne » ; c’est limite une grande banlieue parisienne. Donc quand tu regardes le trajet jusqu’à Paris, c’est vite fait.

 

CHH : Et au final tu te retrouves souvent à Paris ?

V : Oui parce qu’il y a beaucoup de choses et d’événements à Paris, ça reste incontournable. C’est une ville qui ne dort jamais. En province, en semaine, passé une certaine heure, c’est mort. À Rouen même le week end c’est mort ! [rire] Mais il y a d’autres villes en France qui bougent. Quand on va en concert on réalise que notre coin c’est grave de la merde… Quand on est venu à Grenoble, c’était blindé, bête d’ambiance. Il y en a beaucoup des villes comme ça. Rennes, la Suisse…

 


« Franchement? Paris j’aime pas. […] Je suis bien dans mon coin. »


CHH : Toi en tant qu’artiste, tu préfère qu’il y ai plein de villes comme ça, que tu peux visiter de concerts en concerts, ou que ça reste centralisé à Paris ?

V : Franchement ? Paris j’aime pas. À chaque fois que je viens à Paris, j’ai hâte de repartir, j’aime pas. C’est pas lié à la musique hein. Moi je suis bien dans mon coin. C’est une question de tempérament. Est-ce que tu aimes bien les bains de foule, te mélanger ? Moi je suis bien dans mon coin. Quand je viens ici, c’est uniquement pour la musique. Je ne viens pas là pour les vacances ou en week-end. Je viens là pour, entre guillemets, « du taff » et après je me barre.

CHH : Je voulais te poser quelques questions vis-à-vis de ton travail avec Tcho. Comment ça se passe avec lui [et puis comme on est généreux et pour ceux qui seraient passé à côté de leurs nombreuses et réussies collaborations, je vous ai fait une petite playlist youtube ]?

V : Il y a plusieurs façons de faire. En général j’arrive avec une idée souvent assez « bateau », ou du moins assez limitée, et qui va servir de base pour des échanges. Ensuite le tronc, l’essentiel, c’est lui qui le conçoit, c’est lui qui visualise la chose finale. Parfois je peux arriver avec un idée que moi je trouve mortelle, mais en fait non. Après il y a aussi Bachir avec qui on taffe, qui est mon DJ, qui a souvent un rôle de ouf dans les clips. On échange beaucoup. En général ce sont des choses qui se construisent à travers les discussions. Bachir peut arriver avec une idée générale ou juste des idées de plan, de comment agrémenter l’idée de base.

CHH : Dans ta musique, quelque chose revient souvent, c’est le jeu de mots. Pourtant assez peu de personnes font ça dans le rap français.

V : Moi j’aime bien. J’aime bien ce côté ludique, rendre ludique la musique. Ça me fait kiffer.

CHH : Et ça te viens d’où ?

V : D’où ça vient ? … Tu sais on n’invente jamais rien, tu te réappropries des trucs. Je suis forcément tombé sur des mecs qui m’ont fait réaliser que c’était possible. Des mecs qui t’ouvrent une porte et tu te dis « ah ouais je peux faire ça ! ». J’ai vu là, j’ai survolé ta tablette, il y a Bobby Lapointe dans ta liste, non ?

CHH : Tu triches un peu mais ouai.

V : Mes yeux sont tombés dessus. Mais tu vois il y a même une phrase de lui que j’ai détourné. Moi j’ai fait : « Ta catin t’a quitté » et lui : « Ta Katie t’a quitté ». Pourtant je connais pas grand-chose de lui, mais des fois il suffit d’un morceau. Parfois même pas un morceau ! Juste une phrase et tu dis « ah ouais, j’ai le droit ! ». D’autres auront ce même genre de réflexe avec des mecs qui parlent de trucs super hardcore, et après l’écoute les gens se disent « ah ouais ! En fait je peux aller jusque là ! ». De mon côté je sais que Gainsbourg aussi a des petites formules comme ça. Bobby Lapointe et Gainsbourg, c’est sûr que c’est des mecs qui ont du passer dans mes oreilles à un moment et qui m’ont fait ce genre de déclics. Après t’as plein d’autres personnes, même Raymond Devos par exemple !

CHH : Ce qui est marrant c’est que dans le rap français très peu de gens le font.

V : Peut-être, je sais pas…


« Moi même je suis persuadé, si tu revisites les choses que j’ai faites, il y a forcement des jeux de mots qui sont un peu tirés par les veuch' »


 

CHH : Ou si il y en a, peu en font leur marque de fabrique.

V : C’est risqué aussi. Beaucoup essayent d’en faire. Il y a ce côté humour, ça te fais rigoler et ça te donne envie d’essayer, mais souvent c’est pas très réussi. Moi même je suis persuadé, si tu revisites les choses que j’ai faites, il y a forcement des jeux de mots qui sont un peu tirés par les veuch’ comme on dit tu vois ! [rires] « Ouais c’est un peu tiré par les cheveux ! ». Mais il y a certains jeux de mots, à un moment, tu sens qu’ils t’appartiennent. À force de pratiquer tu te rapproches de ta façon de faire, et t’arrive à la reconnaître. Comme je te disais, les mecs sur qui tu tombes en écoutant, ils te libèrent. En les écoutant tu réalises que tu peux, mais il ne s’agit pas de reprendre leurs gimmicks à eux ! C’est avec la pratique que tu te les réappropries vraiment. C’est valable pour les jeux de mots mais c’est aussi valable pour les images. Il y a des mecs il t’envoie une image et tu réalises que, merde ! Tu peux associer ça et ça ensemble !

CHH : et ça marche…

V : et ça marche pas toujours, mais au moins ça t’as permis, en fait tu t’es même autorisé à le faire.

CHH : Continuons sur les jeux de mots, ça t’arrive d’écrire des jeux de mots « privés » ? Dont tu sais que personne à part quelques proches ou la personne visée ne pourront comprendre ?

V : [rire] Tu dis ça parce que t’étais là quand on en a parlé…

 


« Je ne suis pas trop pour les dédicaces et les ‘nique machin’, alors j’essaye d’être subtil. »


 

CHH : Ah non pas du tout ! [l’interviewé n’en croit rien, pourtant l’intervieweur était sincère]

V : Si t’étais là ! Enfin oui, il y a des trucs que seules 2 ou 3 personnes pourront capter. C’est un peu ma façon de faire des clins d’oeil aux gens autour de moi. Parfois aussi à l’inverse pour les gens que je n’aime pas. Je ne suis pas trop pour les dédicaces et les « nique machin », alors j’essaye d’être subtil. En vérité sur chaque morceau il y en a beaucoup. Je ne m’en rends même pas vraiment compte sur le coup, c’est en réécoutant que je réalise que telle phrase est destinée à telle personne.

CHH : Revenons sur tes influences, mais cette fois plutôt côté rap. Tu en écoutes toujours ?

V : Oui, oui, encore un peu. Mais tu vois, j’écoute beaucoup en conduisant. Et en ce moment je suis dans une période où je n’écoute rien. Je roule. Silencieusement. C’est des périodes. Parfois je met la radio, parfois je ré-écoute des trucs.

CHH : Tu suis encore le rap français ?

V : Oui un peu, mais je n’écoute plus du rap français comme je pouvais le faire avant. Je survole certains trucs, mais un album entier de rap français… Ça fait un baille ! Je pourrais même pas t’en citer un que j’ai écouté en entier ces dernières années. Après j’écoute les gros standards, pour voir ce qui se fait. Je suis un peu obligé d’en écouter, sachant que je suis dedans. Les gens m’envoient des sons : « Écoute untel, écoute machin ! ».

 

CHH : En posant cette question je pense à des rappeurs genre Médine et Youssoupha, des gens que lorsque tu les écoutes, tu sens qu’ils aiment le rap français et qu’ils en écoutent encore beaucoup…

V : Ah ben eux j’écoute pas du tout par exemple.

CHH : Ils ont gardé le côté « fan » un peu…

V : C’est possible aussi qu’ils appartiennent plus à cette « fourmillière », à ce microcosme là.

CHH : Toi tu as été un « fan » à une époque ?

V : Quand j’étais ado j’en écoutait pas mal ouai. J’écoutais aussi du rap US, mais j’écoutais beaucoup plus de rap français que maintenant, par exemple. Je sais pas si j’en écoute moins aujourd’hui parce que depuis j’en fait. Mais sincèrement je vais pas faire le mec « ouai non moi j’écoute plus rien ». Forcément tout le monde écoute un peu tout le monde ! C’est intéressant ne serait-ce parce que parfois, t’as des idées en tête que d’autres ont déjà faites. Plus ou moins tu vois. Et pour moi c’est le signe que ton idée n’était pas assez personnalisée. Donc t’as toujours cette petite curiosité qui te pousse à tendre une oreille. Mais je ne pourrais pas te donner d’exemples précis de morceaux que j’écoute en ce moment.

CHH : Et rap US alors ?

V : Ah là je vais te dire j’écoute le Bomb Squad, parce qu’on sort une mixtape de Bachir avec le Bomb Squad [NDLR : l’interview a eu lieu le soir d’un concert de l’Asocial Club précédé par un showcase de Chuck D alors que Bachir sortait cette mixtapebombsquad2-400x400 quelques jours après.] Mais là aussi c’est par périodes. Parfois je tombe sur des trucs actuels et j’écoute. Mon pote Schlass avec qui on taffait avant m’envoie souvent des sons. Lui il est à fond sur les nouveautés, c’est moins mon délire mais il y a des choses sur lesquelles on peut s’entendre, alors il me dit « Tiens, écoute celui-là ça va te plaire ». Le dernier turc que j’ai écouté c’est un morceau de Cam’ron avec A-track. J’ai écouté aussi le morceau de Mac Miller avec Rick Ross), mais tu vois c’est juste quelques morceaux. À côté de ça le dernier projet que je me souviens avoir téléchargé c’est Cancer 4 Cure de El-P. Tu vois ça n’a ni queue ni tête. Et encore, je l’ai téléchargé mais je ne l’ai même pas écouté ! Ces dernières années j’ai téléchargé v’la les albums que j’ai même pas écouté.

 


« Une journée avec de l’écriture c’est pas la même qu’une journée sans. »


 

CHH : Ok pour la musique que tu écoutes, maintenant pour ce qui est de la musique que tu fais, tu prends toujours du plaisir à faire du rap ?

V : Pareil, c’est par périodes, mais c’est toujours autant le kiff. Il y a des périodes pendant lesquelles je ne fais rien, et d’autre ou je suis speed et j’enchaîne les projets. Mais le kiff est toujours là. Une journée avec de l’écriture c’est pas la même qu’une journée sans.

CHH : Vis-à-vis de l’Asocial Club, il est peut-être encore un peu tôt mais peux-tu déjà tirer des conclusions sur cette expérience, ce qu’elle t’a apprise ? [NDLR: L’album « Toute entrée est définitive » allait sortir quelques semaines après l’interview]

asocialcoverV : On est encore grave dedans donc je pense qu’il faut attendre un peu, mais c’est forcément enrichissant. Moi à la base je suis tout seul tout seul. Que ce soit sur scène ou en studio je suis tout seul. Donc là nécessairement j’ai appris beaucoup de choses. C’est encore trop récent et trop actuel pour vraiment savoir, mais je peux sentir que ça m’a détendu sur certains aspects, ça m’a fait cogiter sur d’autres.

[S’ensuit une question pour tenter de soutirer quelques infos exclusives sur l’album afin de faire buzzer l’article, mais 6 mois après la sortie du projet on vous dispensera de ces infos qui n’ont plus grand choses d’exclusives et on vous invitera à acheter l’album et regarder les crédits. Bachir, le Dj de Vîrus en profitera pour arriver à cette occasion.]

CHH : Assez paradoxalement au sein du groupe tu es celui dont les thèmes sont le moins « revendicatifs » et engagés. Tu es conscient de cette différence ?

V : Je ne sais pas. Et au-delà des différences il y avait forcement une trame commune qui a fait qu’on puisse s’entendre et faire ce projet ensemble.

CHH : Ce que je veux dire c’est que sur les albums des autres il y a toujours des morceaux qui se positionnent clairement par rapport à des questions politiques souvent épineuses.

V : Oh tu sais, ce sont des façons d’aborder certains sujets. Parfois tu va t’engoufrer dans un thème à fond, d’autres fois tu va juste le survoler. On a pas vraiment réfléchi à ces différences.

CHH : Continuons sur ces manières d’aborder les choses. Même si il n’y a pas vraiment de combat « frontal » dans tes morceaux, on perçoit néanmoins un point de vue très critique sur la société. À travers ton rap on devine que beaucoup de choses t’emmerdent dans la façon dont tourne le monde. Comment t’articules cette vision du monde avec ton quotidien ?

V : Tu veux savoir si je fête la Saint-Valentin en fait ? [rires] Non, pour être franc les deux sont très très liés. Trop liés peut-être. Au final ça fait pas une vie simple non plus [sourire].


« […] j’essaye de trouver un juste milieu entre la vie et la place que j’octroie à ma musique. »


CHH : Et par rapport à l’activité de « rappeur » ? Comment s’articule ta vie ?

V : Comme je te disais y’a des périodes où je ne vais rien faire du tout. Où je ne suis pas du tout dans le délire. Des périodes où je suis en mode « vie civile », si on peut appeler ça comme ça. Et je peux rester longtemps comme ça. Tu sais, c’est pas mon quotidien au final. Et même si c’est plus présent qu’avant, ça reste quelque chose que je ne fais pas tous les jours.

CHH : Dans l’avenir, tu espères continuer cette cohabitation ? Où tu imagines un jour pouvoir ne faire que du rap ?

V : Non j’aurais trop de mal à être uniquement dans le rap.

CHH : Et à l’inverse, ne plus faire de rap du tout ?

V : Mais oui, voila, c’est ça aussi : ne plus être du tout dedans, ça va être difficile. C’est pour ça que j’essaye de trouver un juste milieu entre la vie et la place que j’octroie à ma musique. Pour que tu puisses avoir un rapport à peu près sain avec elle et qu’en même temps tu puisses être en phase avec la réalité de ta vie. Au final c’est vrai, tu kiffes, tu fais tes trucs, mais pour moi ce ne sont pas des domaines constructifs. Je ne viens pas de ces milieux. D’où je viens à la base, la reconnaissance passe par le travail. Et même à mes yeux, je ne considère pas vraiment la musique comme un travail [rires]. Je dis ça par rapport aux autres taffs que j’ai pu faire avant… C’est particulier. Et pourtant c’est un métier.

CHH : Mais tu n’as pas pas peur, surtout au niveau où tu es, avec le niveau d’exposition que tu commence à avoir, de passer à côté de la possibilité de vraiment travailler dans la musique et de t’offrir les moyens de ne faire que ça ?

V : Non, moi je ne suis pas programmé comme ça. À un moment on a eu une réflexion sur la possibilité de sortir un album. Et c’est pas tant l’idée de sortir un album qui m’a posé problème, mais dès que ça touche au niveau organisation, planification… Ça me démotive. Je veux garder un truc un peu naïf.


Faire ça à échelle humaine, voila ce qu’on aime.


CHH : Dans l’avenir tu veux conserver ça, ce côté naïf ?

V : Dans l’idée je fais tout pour ne pas arrêter…

[Bachir, qui écoutait attentivement, en DJ/ami/associé consciencieux, sort de l’ombre et coupe]

Bachir : C’est même pas naïf le terme. C’est plus une question d’artisanat que de naïveté. Faire ça à échelle humaine, voila ce qu’on aime.

V : On kiffe faire ça.

CHH : Mais en adoptant cette posture est-ce que vous ne vous fermez pas des portes ? La possibilité de faire plus de projets, des choses plus abouties ?

V : Non !

B : C’est comme si tu demandais à un mec qui fabrique son yaourt dans sa ferme s’il aimerait être Danone. Lui il va te répondre « Je kiffe faire mon yaourt, il est plutôt réputé, il a un bon goût, pourquoi être Danone ? Tant que mon produit est bon, qu’il plaît à ma clientèle, c’est l’essentiel ! »

V : Après tu te refuses forcément des choses, ce sont des choix, des choix de vie presque. Pourquoi beaucoup vont dans cette direction ? C’est qu’il doit y avoir des choses intéressantes là bas. Comme dit Bachir, le côté artisan, j’aime bien ça.

B : C’est un tout : il y a ce côté artisan, le côté provinciaux. On est dans une dimension un peu extérieure dans laquelle on fait ce qu’on aime.

Et là il faut malheureusement clore l’interview. Parce que Monsieur Chuck D va bientôt commencer. Et la musique a beau être un métier pas comme les autres, Chuck D restera à jamais une légende.

 


P.S. : On dira que ça n’a rien à voir est pourtant. Une très bonne illustration de la comparaison proposée par Bachir avec Danone a été faite sous forme de documentaire, par un certain Jonathan Nossiter. Ça s’appel « Mondovino » et ça parle de vin. On y voit de petits vignerons qui font ça par amour et de grosses multinationales qui tracent à la règle marketing les lignes droites de l’avenir. Que ce soit du vin, de la musique ou des yaourt, la manière de travailler sa passion reflète souvent des visions du monde et des philosophies de vies qui vont bien au dela de la passion elle-même.

(Le truc existe en film de 2h11 ou en série de 10 épisodes d’une heure, je conseil les épisodes de loin)

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Vîrus, artisan discret de son propre univers
décembre 18, 2014 (One Comment) by Syka

Vîrus c’est un mc originaire de Rouen qu’on aime tout particulièrement. J’avais déjà parlé de lui à l’occasion de son passage à l’édition 2013 du festival Bobigny Terre Hip Hop (n’oubliez pas d’ailleurs que l’édition 2015 se rapproche à grand pas) et j’avais très envie de l’interviewer. Cette interview aurait du se faire rapidement sachant que quelques mois après nous le faisions venir à Grenoble pour un concert qui s’averera mémorable, mais les aléas du direct font que peu de choses se passent comme prévu et l’interview fut repoussée. Depuis Vîrus à sorti un nouvel EP : « Faire Part » et à intégré le ‘super groupe’ Asocial Club, eux même auteurs du très bon « Tout Entrée Est Définitive ». C’est à l’occasion du premier echauffement parisien de l’Asocial Club que nous avons fini par nous croiser, à la terrasse de la Favela Chic où le tout jeune groupe devait assurer un show pour les journées Africana, avec en invité spécial, un certain Chuck D. L’occasion donc, avec 15 mois de retards, d’approfondir la vision du monde du rappeur de l’équipe  Rayon du Fond.

virusrdf

Cosmic Hip Hop : Je devais t’interviewer, c’était il y a plus d’un an et demi maintenant, que c’est-il passé depuis ?

Vîrus : Il y a eu Faire Part l’année dernière, quelques dates puis le projet avec l’Asocial Club, qui est actuellement le projet principal.

CHH : Le rap français est assez centralisé à Paris, est-ce que ça a pu être un obstacle pour toi qui viens de Rouen ? Est-ce que ça peut expliquer le temps que tu as mis avant d’avoir une exposition un peu plus nationale ?

V : Je ne pense pas que ce soit un problème géographique. Il y a certains styles, certains sons peut-être, qui ont des résonances différentes. Et avec Internet aujourd’hui, la géographie compte encore moins qu’avant. Un obstacle local oui, surtout si tu as choisi de rester dans ton coin. Mais moi je suis d’une province qu’ils appellent « La Grande Couronne » ; c’est limite une grande banlieue parisienne. Donc quand tu regardes le trajet jusqu’à Paris, c’est vite fait.

 

CHH : Et au final tu te retrouves souvent à Paris ?

V : Oui parce qu’il y a beaucoup de choses et d’événements à Paris, ça reste incontournable. C’est une ville qui ne dort jamais. En province, en semaine, passé une certaine heure, c’est mort. À Rouen même le week end c’est mort ! [rire] Mais il y a d’autres villes en France qui bougent. Quand on va en concert on réalise que notre coin c’est grave de la merde… Quand on est venu à Grenoble, c’était blindé, bête d’ambiance. Il y en a beaucoup des villes comme ça. Rennes, la Suisse…

 


« Franchement? Paris j’aime pas. […] Je suis bien dans mon coin. »


CHH : Toi en tant qu’artiste, tu préfère qu’il y ai plein de villes comme ça, que tu peux visiter de concerts en concerts, ou que ça reste centralisé à Paris ?

V : Franchement ? Paris j’aime pas. À chaque fois que je viens à Paris, j’ai hâte de repartir, j’aime pas. C’est pas lié à la musique hein. Moi je suis bien dans mon coin. C’est une question de tempérament. Est-ce que tu aimes bien les bains de foule, te mélanger ? Moi je suis bien dans mon coin. Quand je viens ici, c’est uniquement pour la musique. Je ne viens pas là pour les vacances ou en week-end. Je viens là pour, entre guillemets, « du taff » et après je me barre.

CHH : Je voulais te poser quelques questions vis-à-vis de ton travail avec Tcho. Comment ça se passe avec lui [et puis comme on est généreux et pour ceux qui seraient passé à côté de leurs nombreuses et réussies collaborations, je vous ai fait une petite playlist youtube ]?

V : Il y a plusieurs façons de faire. En général j’arrive avec une idée souvent assez « bateau », ou du moins assez limitée, et qui va servir de base pour des échanges. Ensuite le tronc, l’essentiel, c’est lui qui le conçoit, c’est lui qui visualise la chose finale. Parfois je peux arriver avec un idée que moi je trouve mortelle, mais en fait non. Après il y a aussi Bachir avec qui on taffe, qui est mon DJ, qui a souvent un rôle de ouf dans les clips. On échange beaucoup. En général ce sont des choses qui se construisent à travers les discussions. Bachir peut arriver avec une idée générale ou juste des idées de plan, de comment agrémenter l’idée de base.

CHH : Dans ta musique, quelque chose revient souvent, c’est le jeu de mots. Pourtant assez peu de personnes font ça dans le rap français.

V : Moi j’aime bien. J’aime bien ce côté ludique, rendre ludique la musique. Ça me fait kiffer.

CHH : Et ça te viens d’où ?

V : D’où ça vient ? … Tu sais on n’invente jamais rien, tu te réappropries des trucs. Je suis forcément tombé sur des mecs qui m’ont fait réaliser que c’était possible. Des mecs qui t’ouvrent une porte et tu te dis « ah ouais je peux faire ça ! ». J’ai vu là, j’ai survolé ta tablette, il y a Bobby Lapointe dans ta liste, non ?

CHH : Tu triches un peu mais ouai.

V : Mes yeux sont tombés dessus. Mais tu vois il y a même une phrase de lui que j’ai détourné. Moi j’ai fait : « Ta catin t’a quitté » et lui : « Ta Katie t’a quitté ». Pourtant je connais pas grand-chose de lui, mais des fois il suffit d’un morceau. Parfois même pas un morceau ! Juste une phrase et tu dis « ah ouais, j’ai le droit ! ». D’autres auront ce même genre de réflexe avec des mecs qui parlent de trucs super hardcore, et après l’écoute les gens se disent « ah ouais ! En fait je peux aller jusque là ! ». De mon côté je sais que Gainsbourg aussi a des petites formules comme ça. Bobby Lapointe et Gainsbourg, c’est sûr que c’est des mecs qui ont du passer dans mes oreilles à un moment et qui m’ont fait ce genre de déclics. Après t’as plein d’autres personnes, même Raymond Devos par exemple !

CHH : Ce qui est marrant c’est que dans le rap français très peu de gens le font.

V : Peut-être, je sais pas…


« Moi même je suis persuadé, si tu revisites les choses que j’ai faites, il y a forcement des jeux de mots qui sont un peu tirés par les veuch' »


 

CHH : Ou si il y en a, peu en font leur marque de fabrique.

V : C’est risqué aussi. Beaucoup essayent d’en faire. Il y a ce côté humour, ça te fais rigoler et ça te donne envie d’essayer, mais souvent c’est pas très réussi. Moi même je suis persuadé, si tu revisites les choses que j’ai faites, il y a forcement des jeux de mots qui sont un peu tirés par les veuch’ comme on dit tu vois ! [rires] « Ouais c’est un peu tiré par les cheveux ! ». Mais il y a certains jeux de mots, à un moment, tu sens qu’ils t’appartiennent. À force de pratiquer tu te rapproches de ta façon de faire, et t’arrive à la reconnaître. Comme je te disais, les mecs sur qui tu tombes en écoutant, ils te libèrent. En les écoutant tu réalises que tu peux, mais il ne s’agit pas de reprendre leurs gimmicks à eux ! C’est avec la pratique que tu te les réappropries vraiment. C’est valable pour les jeux de mots mais c’est aussi valable pour les images. Il y a des mecs il t’envoie une image et tu réalises que, merde ! Tu peux associer ça et ça ensemble !

CHH : et ça marche…

V : et ça marche pas toujours, mais au moins ça t’as permis, en fait tu t’es même autorisé à le faire.

CHH : Continuons sur les jeux de mots, ça t’arrive d’écrire des jeux de mots « privés » ? Dont tu sais que personne à part quelques proches ou la personne visée ne pourront comprendre ?

V : [rire] Tu dis ça parce que t’étais là quand on en a parlé…

 


« Je ne suis pas trop pour les dédicaces et les ‘nique machin’, alors j’essaye d’être subtil. »


 

CHH : Ah non pas du tout ! [l’interviewé n’en croit rien, pourtant l’intervieweur était sincère]

V : Si t’étais là ! Enfin oui, il y a des trucs que seules 2 ou 3 personnes pourront capter. C’est un peu ma façon de faire des clins d’oeil aux gens autour de moi. Parfois aussi à l’inverse pour les gens que je n’aime pas. Je ne suis pas trop pour les dédicaces et les « nique machin », alors j’essaye d’être subtil. En vérité sur chaque morceau il y en a beaucoup. Je ne m’en rends même pas vraiment compte sur le coup, c’est en réécoutant que je réalise que telle phrase est destinée à telle personne.

CHH : Revenons sur tes influences, mais cette fois plutôt côté rap. Tu en écoutes toujours ?

V : Oui, oui, encore un peu. Mais tu vois, j’écoute beaucoup en conduisant. Et en ce moment je suis dans une période où je n’écoute rien. Je roule. Silencieusement. C’est des périodes. Parfois je met la radio, parfois je ré-écoute des trucs.

CHH : Tu suis encore le rap français ?

V : Oui un peu, mais je n’écoute plus du rap français comme je pouvais le faire avant. Je survole certains trucs, mais un album entier de rap français… Ça fait un baille ! Je pourrais même pas t’en citer un que j’ai écouté en entier ces dernières années. Après j’écoute les gros standards, pour voir ce qui se fait. Je suis un peu obligé d’en écouter, sachant que je suis dedans. Les gens m’envoient des sons : « Écoute untel, écoute machin ! ».

 

CHH : En posant cette question je pense à des rappeurs genre Médine et Youssoupha, des gens que lorsque tu les écoutes, tu sens qu’ils aiment le rap français et qu’ils en écoutent encore beaucoup…

V : Ah ben eux j’écoute pas du tout par exemple.

CHH : Ils ont gardé le côté « fan » un peu…

V : C’est possible aussi qu’ils appartiennent plus à cette « fourmillière », à ce microcosme là.

CHH : Toi tu as été un « fan » à une époque ?

V : Quand j’étais ado j’en écoutait pas mal ouai. J’écoutais aussi du rap US, mais j’écoutais beaucoup plus de rap français que maintenant, par exemple. Je sais pas si j’en écoute moins aujourd’hui parce que depuis j’en fait. Mais sincèrement je vais pas faire le mec « ouai non moi j’écoute plus rien ». Forcément tout le monde écoute un peu tout le monde ! C’est intéressant ne serait-ce parce que parfois, t’as des idées en tête que d’autres ont déjà faites. Plus ou moins tu vois. Et pour moi c’est le signe que ton idée n’était pas assez personnalisée. Donc t’as toujours cette petite curiosité qui te pousse à tendre une oreille. Mais je ne pourrais pas te donner d’exemples précis de morceaux que j’écoute en ce moment.

CHH : Et rap US alors ?

V : Ah là je vais te dire j’écoute le Bomb Squad, parce qu’on sort une mixtape de Bachir avec le Bomb Squad [NDLR : l’interview a eu lieu le soir d’un concert de l’Asocial Club précédé par un showcase de Chuck D alors que Bachir sortait cette mixtapebombsquad2-400x400 quelques jours après.] Mais là aussi c’est par périodes. Parfois je tombe sur des trucs actuels et j’écoute. Mon pote Schlass avec qui on taffait avant m’envoie souvent des sons. Lui il est à fond sur les nouveautés, c’est moins mon délire mais il y a des choses sur lesquelles on peut s’entendre, alors il me dit « Tiens, écoute celui-là ça va te plaire ». Le dernier turc que j’ai écouté c’est un morceau de Cam’ron avec A-track. J’ai écouté aussi le morceau de Mac Miller avec Rick Ross), mais tu vois c’est juste quelques morceaux. À côté de ça le dernier projet que je me souviens avoir téléchargé c’est Cancer 4 Cure de El-P. Tu vois ça n’a ni queue ni tête. Et encore, je l’ai téléchargé mais je ne l’ai même pas écouté ! Ces dernières années j’ai téléchargé v’la les albums que j’ai même pas écouté.

 


« Une journée avec de l’écriture c’est pas la même qu’une journée sans. »


 

CHH : Ok pour la musique que tu écoutes, maintenant pour ce qui est de la musique que tu fais, tu prends toujours du plaisir à faire du rap ?

V : Pareil, c’est par périodes, mais c’est toujours autant le kiff. Il y a des périodes pendant lesquelles je ne fais rien, et d’autre ou je suis speed et j’enchaîne les projets. Mais le kiff est toujours là. Une journée avec de l’écriture c’est pas la même qu’une journée sans.

CHH : Vis-à-vis de l’Asocial Club, il est peut-être encore un peu tôt mais peux-tu déjà tirer des conclusions sur cette expérience, ce qu’elle t’a apprise ? [NDLR: L’album « Toute entrée est définitive » allait sortir quelques semaines après l’interview]

asocialcoverV : On est encore grave dedans donc je pense qu’il faut attendre un peu, mais c’est forcément enrichissant. Moi à la base je suis tout seul tout seul. Que ce soit sur scène ou en studio je suis tout seul. Donc là nécessairement j’ai appris beaucoup de choses. C’est encore trop récent et trop actuel pour vraiment savoir, mais je peux sentir que ça m’a détendu sur certains aspects, ça m’a fait cogiter sur d’autres.

[S’ensuit une question pour tenter de soutirer quelques infos exclusives sur l’album afin de faire buzzer l’article, mais 6 mois après la sortie du projet on vous dispensera de ces infos qui n’ont plus grand choses d’exclusives et on vous invitera à acheter l’album et regarder les crédits. Bachir, le Dj de Vîrus en profitera pour arriver à cette occasion.]

CHH : Assez paradoxalement au sein du groupe tu es celui dont les thèmes sont le moins « revendicatifs » et engagés. Tu es conscient de cette différence ?

V : Je ne sais pas. Et au-delà des différences il y avait forcement une trame commune qui a fait qu’on puisse s’entendre et faire ce projet ensemble.

CHH : Ce que je veux dire c’est que sur les albums des autres il y a toujours des morceaux qui se positionnent clairement par rapport à des questions politiques souvent épineuses.

V : Oh tu sais, ce sont des façons d’aborder certains sujets. Parfois tu va t’engoufrer dans un thème à fond, d’autres fois tu va juste le survoler. On a pas vraiment réfléchi à ces différences.

CHH : Continuons sur ces manières d’aborder les choses. Même si il n’y a pas vraiment de combat « frontal » dans tes morceaux, on perçoit néanmoins un point de vue très critique sur la société. À travers ton rap on devine que beaucoup de choses t’emmerdent dans la façon dont tourne le monde. Comment t’articules cette vision du monde avec ton quotidien ?

V : Tu veux savoir si je fête la Saint-Valentin en fait ? [rires] Non, pour être franc les deux sont très très liés. Trop liés peut-être. Au final ça fait pas une vie simple non plus [sourire].


« […] j’essaye de trouver un juste milieu entre la vie et la place que j’octroie à ma musique. »


CHH : Et par rapport à l’activité de « rappeur » ? Comment s’articule ta vie ?

V : Comme je te disais y’a des périodes où je ne vais rien faire du tout. Où je ne suis pas du tout dans le délire. Des périodes où je suis en mode « vie civile », si on peut appeler ça comme ça. Et je peux rester longtemps comme ça. Tu sais, c’est pas mon quotidien au final. Et même si c’est plus présent qu’avant, ça reste quelque chose que je ne fais pas tous les jours.

CHH : Dans l’avenir, tu espères continuer cette cohabitation ? Où tu imagines un jour pouvoir ne faire que du rap ?

V : Non j’aurais trop de mal à être uniquement dans le rap.

CHH : Et à l’inverse, ne plus faire de rap du tout ?

V : Mais oui, voila, c’est ça aussi : ne plus être du tout dedans, ça va être difficile. C’est pour ça que j’essaye de trouver un juste milieu entre la vie et la place que j’octroie à ma musique. Pour que tu puisses avoir un rapport à peu près sain avec elle et qu’en même temps tu puisses être en phase avec la réalité de ta vie. Au final c’est vrai, tu kiffes, tu fais tes trucs, mais pour moi ce ne sont pas des domaines constructifs. Je ne viens pas de ces milieux. D’où je viens à la base, la reconnaissance passe par le travail. Et même à mes yeux, je ne considère pas vraiment la musique comme un travail [rires]. Je dis ça par rapport aux autres taffs que j’ai pu faire avant… C’est particulier. Et pourtant c’est un métier.

CHH : Mais tu n’as pas pas peur, surtout au niveau où tu es, avec le niveau d’exposition que tu commence à avoir, de passer à côté de la possibilité de vraiment travailler dans la musique et de t’offrir les moyens de ne faire que ça ?

V : Non, moi je ne suis pas programmé comme ça. À un moment on a eu une réflexion sur la possibilité de sortir un album. Et c’est pas tant l’idée de sortir un album qui m’a posé problème, mais dès que ça touche au niveau organisation, planification… Ça me démotive. Je veux garder un truc un peu naïf.


Faire ça à échelle humaine, voila ce qu’on aime.


CHH : Dans l’avenir tu veux conserver ça, ce côté naïf ?

V : Dans l’idée je fais tout pour ne pas arrêter…

[Bachir, qui écoutait attentivement, en DJ/ami/associé consciencieux, sort de l’ombre et coupe]

Bachir : C’est même pas naïf le terme. C’est plus une question d’artisanat que de naïveté. Faire ça à échelle humaine, voila ce qu’on aime.

V : On kiffe faire ça.

CHH : Mais en adoptant cette posture est-ce que vous ne vous fermez pas des portes ? La possibilité de faire plus de projets, des choses plus abouties ?

V : Non !

B : C’est comme si tu demandais à un mec qui fabrique son yaourt dans sa ferme s’il aimerait être Danone. Lui il va te répondre « Je kiffe faire mon yaourt, il est plutôt réputé, il a un bon goût, pourquoi être Danone ? Tant que mon produit est bon, qu’il plaît à ma clientèle, c’est l’essentiel ! »

V : Après tu te refuses forcément des choses, ce sont des choix, des choix de vie presque. Pourquoi beaucoup vont dans cette direction ? C’est qu’il doit y avoir des choses intéressantes là bas. Comme dit Bachir, le côté artisan, j’aime bien ça.

B : C’est un tout : il y a ce côté artisan, le côté provinciaux. On est dans une dimension un peu extérieure dans laquelle on fait ce qu’on aime.

Et là il faut malheureusement clore l’interview. Parce que Monsieur Chuck D va bientôt commencer. Et la musique a beau être un métier pas comme les autres, Chuck D restera à jamais une légende.

 


P.S. : On dira que ça n’a rien à voir est pourtant. Une très bonne illustration de la comparaison proposée par Bachir avec Danone a été faite sous forme de documentaire, par un certain Jonathan Nossiter. Ça s’appel « Mondovino » et ça parle de vin. On y voit de petits vignerons qui font ça par amour et de grosses multinationales qui tracent à la règle marketing les lignes droites de l’avenir. Que ce soit du vin, de la musique ou des yaourt, la manière de travailler sa passion reflète souvent des visions du monde et des philosophies de vies qui vont bien au dela de la passion elle-même.

(Le truc existe en film de 2h11 ou en série de 10 épisodes d’une heure, je conseil les épisodes de loin)

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