L’Histoire Afro-américaine ne cessera jamais d’exister que dans la douleur et la violence. Les Etats-Unis sont un territoire de contradiction absolue, battis sur l’esclavage, Ils mettent au pouvoir un homme noir à la présidence qui se trouve bien mal à l’aise face au drame de Ferguson. L’assassinat de Michael Brown, jeune homme noir de 18 ans, par un policier blanc en août 2014, a mis le feu aux poudres dans les rues du pays. L’injustice vécue par les citoyens (noirs et autres) suite à la non poursuite en justice de ce même policier provoque des émeutes urbaines dans tout le pays.
La colère grimpante est le moteur politique numéro un aux USA. Comment pourrait-il en être autrement quand un autre homme noir Eric Garner, 43 ans, est tué étouffé pas des policiers blancs à Staten Island à New York en Juillet dernier? Comment ne pas ressentir une rage incompressible lorsque l’on découvre qu’un enfant noir de 12 ans, Tamir Rice, a été abattu par un policier blanc le 23 novembre 2014 alors qu’il jouait avec un pistolet en plastique? Toutes ces bavures policières répétées révèlent des fractures ethniques et un racisme généralisé dans la police qui considère l’Homme noir comme un danger à abattre.
Si les émeutes et les saccages nous rappellent étrangement ceux de Watts dans les années de 60 et ceux de Los Angeles en 1992 après le passage à tabac filmé de Rodney King et l’acquittement des quatre policiers incriminés par la justice, ce qui m’intéresse c’est le formidable élan citoyen et communautaire que toute cette merde engrange. On voit sur les réseaux sociaux de nombreuses et vastes manifestations et protests dans les rues du pays. Les gens s’indignent, sortent de chez eux, veulent se rassembler, s’organiser, débattre et changer de société. On sent ici toute la force positive des années des Droits Civils qui ont révolutionné les structurations de la société américaine avec l’imposition de l’Affirmative Action et des Quotas ethniques. 60 ans après, les mêmes problèmes de violence et de racisme surgissent ici, mais nous devrions en France nous questionner sur l’organisation sociale de notre pays et prendre exemple des luttes politiques et sociales acquises par les noirs américains.
Suite aux morts de Zyed et Bouna à Clichy-sous-bois en 2005, morts électrifiés dans une centrale EDF, pourchassés par des policiers qui les prenaient à tort pour des voleurs, nous avons vécu en France les plus grandes émeutes urbaines de l’ère moderne. La destitution du pouvoir politique de Sarkozy suite à l’élection de Hollande a grandement été amené par le vote des quartiers. Pour la première fois depuis des décennies, les jeunes se sont massivement mobilisés contre le grand instigateur des émeutes en portant tous leurs espoirs sur l’élection du socialiste. Force est de constater que Hollande n’a pas compris le message de la rue, qu’aucune réflexion de fond sur les discriminations raciales et sociales n’a été portée par le gouvernement socialiste. Pourquoi ne pas analyser les possibilités d’un Affirmative action à la française, en s’inspirant des réussites amenées par l’Afrique du sud et les USA notamment à l’école?
Les réussites scolaires à Science Po Paris devraient questionner les élites décisionnaires pour étendre la réflexion dans toutes les strates de la société hexagonale : médias, culture, université, cinéma, partis politiques, entreprises, sénat, assemblée nationale, police etc. Lorsque le pays des droits de l’homme se regarde en face, il a bel et bien la gueule de bois. Lorsque toutes les élites sont constituées uniquement de blancs riches, que la diversité du pays si métissé n’est jamais représentée dans les instances décisionnaires, nous allons tout droit dans le mur.
La ghettoïsation des mondes générée par le capitalisme mondial sépare de plus en plus les communautés et engendre les violences. Pourquoi n’y a t-il jamais de débats de fond en France sur ces sujets? Pourquoi la Politique ne produit-elle aucune réflexion historique et sociologique pour enrayer les injustices sociales, le racisme et le repli sur soi? Pourquoi ne pas prendre exemple des réussites internationales et ne pas considérer le racisme institutionnel comme LE fléau à abattre dans notre société? Pourquoi nos meilleurs sociologues, éducateurs de terrain, activistes, artistes, auteurs ne sont-ils jamais entendus, détectés, invités aux tables des décisions? Combien de Ferguson faudra-il voir en France pour que la colère engendre enfin une construction, un projet politique collectif ?
Pascal Tessaud
L’Histoire Afro-américaine ne cessera jamais d’exister que dans la douleur et la violence. Les Etats-Unis sont un territoire de contradiction absolue, battis sur l’esclavage, Ils mettent au pouvoir un homme noir à la présidence qui se trouve bien mal à l’aise face au drame de Ferguson. L’assassinat de Michael Brown, jeune homme noir de 18 ans, par un policier blanc en août 2014, a mis le feu aux poudres dans les rues du pays. L’injustice vécue par les citoyens (noirs et autres) suite à la non poursuite en justice de ce même policier provoque des émeutes urbaines dans tout le pays.
La colère grimpante est le moteur politique numéro un aux USA. Comment pourrait-il en être autrement quand un autre homme noir Eric Garner, 43 ans, est tué étouffé pas des policiers blancs à Staten Island à New York en Juillet dernier? Comment ne pas ressentir une rage incompressible lorsque l’on découvre qu’un enfant noir de 12 ans, Tamir Rice, a été abattu par un policier blanc le 23 novembre 2014 alors qu’il jouait avec un pistolet en plastique? Toutes ces bavures policières répétées révèlent des fractures ethniques et un racisme généralisé dans la police qui considère l’Homme noir comme un danger à abattre.
Si les émeutes et les saccages nous rappellent étrangement ceux de Watts dans les années de 60 et ceux de Los Angeles en 1992 après le passage à tabac filmé de Rodney King et l’acquittement des quatre policiers incriminés par la justice, ce qui m’intéresse c’est le formidable élan citoyen et communautaire que toute cette merde engrange. On voit sur les réseaux sociaux de nombreuses et vastes manifestations et protests dans les rues du pays. Les gens s’indignent, sortent de chez eux, veulent se rassembler, s’organiser, débattre et changer de société. On sent ici toute la force positive des années des Droits Civils qui ont révolutionné les structurations de la société américaine avec l’imposition de l’Affirmative Action et des Quotas ethniques. 60 ans après, les mêmes problèmes de violence et de racisme surgissent ici, mais nous devrions en France nous questionner sur l’organisation sociale de notre pays et prendre exemple des luttes politiques et sociales acquises par les noirs américains.
Suite aux morts de Zyed et Bouna à Clichy-sous-bois en 2005, morts électrifiés dans une centrale EDF, pourchassés par des policiers qui les prenaient à tort pour des voleurs, nous avons vécu en France les plus grandes émeutes urbaines de l’ère moderne. La destitution du pouvoir politique de Sarkozy suite à l’élection de Hollande a grandement été amené par le vote des quartiers. Pour la première fois depuis des décennies, les jeunes se sont massivement mobilisés contre le grand instigateur des émeutes en portant tous leurs espoirs sur l’élection du socialiste. Force est de constater que Hollande n’a pas compris le message de la rue, qu’aucune réflexion de fond sur les discriminations raciales et sociales n’a été portée par le gouvernement socialiste. Pourquoi ne pas analyser les possibilités d’un Affirmative action à la française, en s’inspirant des réussites amenées par l’Afrique du sud et les USA notamment à l’école?
Les réussites scolaires à Science Po Paris devraient questionner les élites décisionnaires pour étendre la réflexion dans toutes les strates de la société hexagonale : médias, culture, université, cinéma, partis politiques, entreprises, sénat, assemblée nationale, police etc. Lorsque le pays des droits de l’homme se regarde en face, il a bel et bien la gueule de bois. Lorsque toutes les élites sont constituées uniquement de blancs riches, que la diversité du pays si métissé n’est jamais représentée dans les instances décisionnaires, nous allons tout droit dans le mur.
La ghettoïsation des mondes générée par le capitalisme mondial sépare de plus en plus les communautés et engendre les violences. Pourquoi n’y a t-il jamais de débats de fond en France sur ces sujets? Pourquoi la Politique ne produit-elle aucune réflexion historique et sociologique pour enrayer les injustices sociales, le racisme et le repli sur soi? Pourquoi ne pas prendre exemple des réussites internationales et ne pas considérer le racisme institutionnel comme LE fléau à abattre dans notre société? Pourquoi nos meilleurs sociologues, éducateurs de terrain, activistes, artistes, auteurs ne sont-ils jamais entendus, détectés, invités aux tables des décisions? Combien de Ferguson faudra-il voir en France pour que la colère engendre enfin une construction, un projet politique collectif ?
Pascal Tessaud