Ce soir, le Minister Amer de Passi, Stomy Bugsy et Hamed Daye donnait son dernier concert en signe de revival, quelques 20 ans après avoir écumé les plus grosses salles de concert. Retour sur le destin d’un groupe qui a marqué le Rap français au fer rouge.
De leur propre aveu, les rappeurs du Minister Amer ont introduit le « rap de cité » en France. Mais qu’est-ce que c’est exactement le « Rap de cité » ? En réalité, il s’agit de la frontière pas toujours très nette entre l’engagement artistique d’un côté et les revendications politiques de l’autre. Passy, Stomy et Hamed Daye ont redonné la parole aux cités à une époque où le dialogue entre les jeunes de cités et les autorités était rompu devenant ainsi les portes paroles de la minorité silencieuse.
Passi et Stomy ont inventé le Rap conscient avec d’autres. Comme Ideal J, IAM ou encore NTM, ils font partie de ces pionniers qui sont allés à la conquête de la musique avec comme seule arme, la force d’une vérité que le pays se refusait d’admettre. Si aujourd’hui les rappeurs sont acclamés de part et d’autre de l’hexagone, s’ils cumulent les disques d’or et les distinctions sociales, c’est aussi parce certains ont ouvert la voie à la liberté. Une liberté d’expression dont certains rappeurs se servent souvent pour faire l’apologie de la violence. Mais cela faisait partie du jeu.
Pas de paix sans que Babylone paie, est-ce que tu le sais ?
Sacrifions le poulet !
Pas de paix sans que le poulet repose en paix, est-ce que tu le sais ?
Sacrifions le poulet !
Minster Amer – Sacrifice de Poulet
La carrière artistique du Minister Amer commence en 1992 avec l’album « Pourquoi tant de haine » aux propos pour le moins explicites. Si cet album est entré dans la postérité pour les connaisseurs de Hip-Hop, il est méconnu du grand public. Car le groupe de Passy n’entrera dans la postérité qu’à l’occasion de la sortie de la bande originale de « La Haine » en 1995. Pour le film de Mathieu Kassovitz primé à Cannes par la Caméra d’or (meilleur premier film), les gamins originaires de Sarcelles ont chanté « Sacrifice de Poulet ». Dans ce titre au nom évocateur, ils appellent plus ou moins ouvertement selon les interprétations, au meurtre de la police.
Scandale d’Etat, l’immigré travailleur et docile, qui aillait grossir les rangs des usines d’une France en plein rebond industriel, a fini par engendrer une génération de rebelles que rien ne pourra arrêter dans sa quête d’égalité. C’est l’auteur des premières lois anti-immigration Charles Pasqua, le Ministre de l’Intérieur, dont la réputation d’homme de fer, a survécu aux décennies de lois sécuritaire, qui dénonce cet infâme crime de lèse-majesté.
« On trouve toujours nos embrouilles de rebeu et negro mais le b de bleu sonne avec le b de barreau » Passi – Le Maton me Guette
Les membres du Minister Amer sont surtout connus pour leur carrière en solo. Et si Passi a gardé dans son album « Les Tentations » toute cette force qui avait fait du Minister Amer l’ennemi médiatique numéro 1 avec des titres comme « Je Zappe et je matte » (la plus célèbre) ou « Emeute » (beaucoup plus explicite), Stomy a préféré polir son discours et l’adapter à son nouveau public. Car après avoir traumatisé le pays aux électrochocs, les deux amis d’enfance originaire de Sarcelles sont devenus de véritables stars. On leur a reproché plus tard de promouvoir un rap trop commercial. C’est vrai, mais sans eux et sans les autres, même le rap commercial ne se serait pas échappé des cages d’escalier.
Avant leur dernier concert, les deux hommes avouaient qu’ils étaient fatigués par le message actuellement véhiculé par le rap : une apologie illégitime de la violence. Ils l’ont promis, ils chanteront « Sacrifice de Poulet » avant la fin…
Mazdak Vafaei Shalmani
Ce soir, le Minister Amer de Passi, Stomy Bugsy et Hamed Daye donnait son dernier concert en signe de revival, quelques 20 ans après avoir écumé les plus grosses salles de concert. Retour sur le destin d’un groupe qui a marqué le Rap français au fer rouge.
De leur propre aveu, les rappeurs du Minister Amer ont introduit le « rap de cité » en France. Mais qu’est-ce que c’est exactement le « Rap de cité » ? En réalité, il s’agit de la frontière pas toujours très nette entre l’engagement artistique d’un côté et les revendications politiques de l’autre. Passy, Stomy et Hamed Daye ont redonné la parole aux cités à une époque où le dialogue entre les jeunes de cités et les autorités était rompu devenant ainsi les portes paroles de la minorité silencieuse.
Passi et Stomy ont inventé le Rap conscient avec d’autres. Comme Ideal J, IAM ou encore NTM, ils font partie de ces pionniers qui sont allés à la conquête de la musique avec comme seule arme, la force d’une vérité que le pays se refusait d’admettre. Si aujourd’hui les rappeurs sont acclamés de part et d’autre de l’hexagone, s’ils cumulent les disques d’or et les distinctions sociales, c’est aussi parce certains ont ouvert la voie à la liberté. Une liberté d’expression dont certains rappeurs se servent souvent pour faire l’apologie de la violence. Mais cela faisait partie du jeu.
Pas de paix sans que Babylone paie, est-ce que tu le sais ?
Sacrifions le poulet !
Pas de paix sans que le poulet repose en paix, est-ce que tu le sais ?
Sacrifions le poulet !
Minster Amer – Sacrifice de Poulet
La carrière artistique du Minister Amer commence en 1992 avec l’album « Pourquoi tant de haine » aux propos pour le moins explicites. Si cet album est entré dans la postérité pour les connaisseurs de Hip-Hop, il est méconnu du grand public. Car le groupe de Passy n’entrera dans la postérité qu’à l’occasion de la sortie de la bande originale de « La Haine » en 1995. Pour le film de Mathieu Kassovitz primé à Cannes par la Caméra d’or (meilleur premier film), les gamins originaires de Sarcelles ont chanté « Sacrifice de Poulet ». Dans ce titre au nom évocateur, ils appellent plus ou moins ouvertement selon les interprétations, au meurtre de la police.
Scandale d’Etat, l’immigré travailleur et docile, qui aillait grossir les rangs des usines d’une France en plein rebond industriel, a fini par engendrer une génération de rebelles que rien ne pourra arrêter dans sa quête d’égalité. C’est l’auteur des premières lois anti-immigration Charles Pasqua, le Ministre de l’Intérieur, dont la réputation d’homme de fer, a survécu aux décennies de lois sécuritaire, qui dénonce cet infâme crime de lèse-majesté.
« On trouve toujours nos embrouilles de rebeu et negro mais le b de bleu sonne avec le b de barreau » Passi – Le Maton me Guette
Les membres du Minister Amer sont surtout connus pour leur carrière en solo. Et si Passi a gardé dans son album « Les Tentations » toute cette force qui avait fait du Minister Amer l’ennemi médiatique numéro 1 avec des titres comme « Je Zappe et je matte » (la plus célèbre) ou « Emeute » (beaucoup plus explicite), Stomy a préféré polir son discours et l’adapter à son nouveau public. Car après avoir traumatisé le pays aux électrochocs, les deux amis d’enfance originaire de Sarcelles sont devenus de véritables stars. On leur a reproché plus tard de promouvoir un rap trop commercial. C’est vrai, mais sans eux et sans les autres, même le rap commercial ne se serait pas échappé des cages d’escalier.
Avant leur dernier concert, les deux hommes avouaient qu’ils étaient fatigués par le message actuellement véhiculé par le rap : une apologie illégitime de la violence. Ils l’ont promis, ils chanteront « Sacrifice de Poulet » avant la fin…
Mazdak Vafaei Shalmani