Hippocampe Fou : Terminus… (tout le monde descend ?)
mai 8, 2020
by kingsiroko
Artwork by ShinoArt
Rencontre virtuel en cette année 2018, sortie et retour de l’Hippocampe Fou ; monstre rap / Hip-Hop des profondeurs océaniques à la littérature et poésie délirante, à l’humour inimitable et à la technique maitrisée, personnalité remarquable et travailleur acharné, méticuleux, depuis même avant la brillante et sombre Secte Phonétique ! Une mutation annoncée, sur la terre ferme cette fois … ou plutôt dans un trou, sous terre Terminus, tout le monde descend !
Focus donc sur son nouvel opus pour mieux s’immerger dans un nouvel Aquatrip piquant autant que profond, du travail et de l’ampleur aux rendez-vous, des featurings, affaire toujours en cours… Mr L’hippocampe a mis les voiles ou plutôt déployer les ailes vers les USA donc c’est par mail que nous nous retrouvons, record ! Je lis avec plaisir ses réponses qui ne me lassent pas mais veuillez en faire autant chers lecteurs et lectrices !
KS : Tout d’abord, how are you? Because j’ai entendu dire que tu vis aux States ?
Est ce en rapport avec l’idée de se rapprocher des origines de la culture Hip-Hop ou parce que c’est cool ?
HF : Tout va bien, merci. Je vis en effet entre Brooklyn et Paris. Ma femme a eu une proposition de job outre-Atlantique, nous nous sommes dit que ce serait une belle expérience pour nos enfants et qu’ils rentreraient en France bilingues. C’est une ville inspirante, bouillonnante sur le plan culturel et en effet c’est le berceau du Hip-Hop.
Je suis encore en pleine découverte pour ne pas dire pèlerinage. L’aventure ne fait que commencer et j’ai déjà beaucoup à faire en France.
KS : Qu’est ce qui te plait là bas ?
HF : Il y a pas mal d’espaces verts à Brooklyn ; pour un Parisien, c’est dépaysant. Et le fait de pouvoir aller à la plage en métro (Coney Island, Far Rockaway…), c’est assez jouissif aussi. Après, je pourrais te faire la liste de ce qui ne me plaît pas (la bouffe, la surprotection parentale, l’esprit de compétition…) mais je ne vais pas me plaindre, je ne compte pas y vivre jusqu’à la fin de mes jours.
KS : Parlons maintenant de ton dernier projet « Terminus » ? Est ce le dernier ?
HF : C’est le troisième, le dernier de la trilogie entamée il y a 5 ans avec °°Aquatrip°° (puis Céleste), la boucle est bouclée, l’eau de mer s’est évaporée pour former les nuages, il a plu sur Terre, et moi dans ce nouvel album, je suis en dessous, non loin d’une rivière souterraine, dans mon terrier. C’est un aboutissement, la fin d’un parcours mais pas la fin du voyage.
KS : Les inspirations du projet, sa genèse ?
HF : Je voulais faire un album plus sincère, plus introspectif que les précédents, un album avec un seul point de vue ou d’écoute et je savais que tout allait se dérouler sur Terre. J’ai creusé le concept jusqu’à trouver cette métaphore du terrier, qui collait parfaitement au côté huis clos tout en me permettant d’explorer un nouveau décor, un nouvel élément, un nouvel univers mystérieux.
KS : Je te connais pour être au second degrés, l’humour, le fun, l’auto-dérision et l’absurdité donc serais tu « chiche » ou « cap » de faire un album engagé politiquement ou socialement?
HF : Je grandis, je vieillis, je suis moins apolitique qu’avant, moins égoïste, j’ai des enfants, je suis un passeur de relais. Une fois que l’on prend conscience de cela et de l’importance de la transmission avec ce désir (utopique peut-être) d’offrir un monde meilleur aux générations futures, on est presque obligé d’être plus engagé, plus attentif. J’ai l’impression que TERMINUS a une dimension plus sociale, plus humaine. Je me suis basé sur mes émotions et mes réflexions pour l’écrire en saupoudrant le tout d’images insolites et merveilleuses car après tout, je garde mon âme d’enfant.
KS : What’s next ? Les projets ? Du cinoche ? des voix off? what ?
HF : J’ai un projet sur lequel je bosse depuis pas mal de temps, très ambitieux et original me semble-t-il, je n’en dis pas plus… Pour l’instant, dans les mois qui viennent, c’est le TERMINUS TOUR.
KS : Comment te sens tu avec la culture Hip-Hop, le rap aujourd’hui, dans son évolution?
HF : Comme un rat-taupe nu sous terre. J’ai choisi cet animal comme mascotte, c’est un peu mon avatar souterrain. On peut le voir au verso de mon CD. Il me fallait un animal atypique, étrange. Le rat-taupe nu c’est un peu le cousin terrestre de l’hippocampe en légèrement plus laid ; c’est aussi l’animal souterrain qui vit le plus longtemps. Ça commence à faire pas mal d’années que je rappe et j’essaye toujours de me renouveler sans suivre la tendance. Pour cet album, je me suis associé à Max Pinto et Lucas Dorier (et à mon père aussi), 2 brillants multi-instrumentistes qui ont composé l’album et m’accompagnent désormais sur scène. J’avais envie de morceaux plus acoustiques, plus intemporels. Je dis aujourd’hui que je fais de la chanson rappée.
KS : Un bon disque et un bon film à nous recommander?
HF : « Wizville », le nouvel album d’Ocean Wisdom, rappeur anglais qui me semble être l’un des plus techniques aujourd’hui. Niveau film, j’ai adoré « Comme un avion » de Bruno Podalydès, j’étais passé à côté lors de sa sortie en salle, je ne l’ai vu que très récemment sur le net. C’est un humour qui me touche, c’est fin, subtil, onirique parfois. Du très bon cinéma français. Sinon, il y a « Manchester by the Sea » & « Carré 35″ qui m’ont bouleversé.
KS : Le mot de la fin et les dédicaces ?
HF : Terminus, tout le monde descend ! Je vous invite dans mon terrier, un peu partout en France, Suisse et Belgique et le 30 novembre au Trianon à Paris.
King Siroko ; interview publiée en mai 2020, propos recueilli par Marie Britsch en mars 2018 auprès de l’artiste – merci à tous les deux !
Récemment Hippocampe Fou est rentré des Etats-Unis et a vécu le confinement comme tout le monde… retrouvez le ici :
https://soundcloud.com/hippocampe-fou/sets/terminus-3eme-album-dhippo-12/s-eDJBv
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