Rencontre en retard ! Rencontre en expresse mais en haute qualité et en mode Hip-Hop…
Un Hip-Hop avant tout instrumentale mais aussi vocale qui sort du lot et croise les styles pour le meilleur et le meilleur du freshhhh ! Nous sommes dans un des studios de répétition parisiens de la Luna Rossa, lieu connu et sympathique où nos interviewés ont fait halte. Me voici face à BOLD, un groupe de djs/ beat-makers qui réunit deux figures de la scène hip-hop marseillaise.
C’est pour la promotion de leur dernier projet Bold - sorti en janvier 2022 – qu’ils ont fait ces kilomètres depuis leur province ou autrement dit de Marseille, Massilia…
Une rencontre agréable où ils nous ouvrent leur univers et l’intimité de leur duo, le temps de savourer un canapé et le chaud d’un intérieur où se massent les groupes pour créer et répéter la musique… ça tombe bien ! Le temps de mettre en route l’enregistreur « téléphone » (un peu à l’arrache!) à vous les studios… faites parler les artistes, à vous BOLD !
King Siroko (KS): pour commencer, pouvez vous nous faire une petite présentation de chacun au sein de Bold ?
High Ku (H) : Combinaison de Haiku membre fondateur du label Chinese Man Records et de Chinese Man.
Supa Jay (SJ): Moi-même Supa-Jay, leader et compositeur du groupe Scratch Bandit Crew (S.B.C.) et signé sur le label Chinese Man Records.
KS : Donc vous êtes en famille ?
Exactement (rires).
KS : Que signifie Bold ? C’est quoi cette histoire de Bold?
H : Bold ça veut dire téméraire, audacieux et, c’est aussi par rapport aux polices de caractère : ça signifie « en gras » donc plus remarqué. Également, dans une sous-catégorie blague, B O L D ça veut dire chauve en anglais et, comme tu vois, on est pas très fourni au niveau du crâne ! (rires)
Et enfin une dernière signification : puisqu’on vient du Hip-Hop et qu’on a toujours graffé, taggué, les mots en 4 lettres, c’est tout un tas de blases (surnoms) de graffeur.
KS : Et ça veut peut être dire aussi « Phat »(lourd), non ?
H : Ouais, exactement!
SJ : Dans le sens où le côté « audacieux » se traduit un peu dans la musique qu’on a entreprise qui est, à la fois, le côté des sonorités très puissantes de ce qui se fait aujourd’hui (trap, drill) et des choses plus sensibles qui viennent notamment du travail de sampling et de composition qui vient autour avec des parties plus instrumentales, c’est cette dualité.
KS : Votre rencontre ? Vous vous connaissiez déjà ?
H : Alors on se connaît avec Jay … depuis on a calculé, ça fait une quinzaine d’années qu’on se connaît, forcément, on a des univers très proches, on s’est croisé via les tournées, un peu par hasard au début, on s’est croisé une première fois et on a commencé à sympathiser; puis on s’est recroisé une deuxième fois 2 mois après.
S.B.C. (Scratch Bandit Crew) ont signé sur le label Chinese Man Record en 2015 ce qui a donné l’occasion de se voir davantage…
Y’a 2 ans maintenant, on a fait ensemble les groove sessions (volume 5).
Les grooves Sessions, c’est une photo, un instantané du label, la première doit dater de 2014 et en général, y’a des morceaux de chaque groupe mais là, pour cette session, pour ce projet là on a mélangé 3 projets, Barra Frequencia, SBC et Chinese Man. On a fait une création commune
On est partis s’enfermer à la montagne, chacun est parti composé avec tout le monde et on a fait une quinzaine de maquettes, on a eu l’occasion de bosser ensemble
Malheureusement 3 jours avant la première le confinement est arrivé, donc on a jamais fait la première de ce spectacle et du coup, genre un mois après le confinement, j’avais dit à Jay j’ai des morceaux de côté, c’est des trucs que je vais pas faire avec Chinese, et est-ce que ça t’intéresserait qu’on essaie? Ensuite, j’ai fait ma petite maquette avec mes platines, à l’arrache, de mon côté avec des samples puis il m’a renvoyé des morceaux remixés, composés.
A partir de là a fait un morceau, 2 morceaux, 3 morceaux et puis on a fini par décider de faire un album et de faire un groupe par la même occasion.
KS : Comment vous procédez pour la composition à plusieurs ?
SJ : En fait, de base, c’est Haiku qui fait des maquettes à base de sample qu’il trouve, des maquettes assez minimales mais très efficientes au niveau de l’intention du morceau.
Je fais une deuxième couche de propositions et de compositions avec des platines mais aussi avec tout le côté programmation, instruments virtuels ou vrais instruments et du coup, après c’est une sorte de ping-pong chaque fois qu’on se retrouve.
KS : Quand est ce que vous placez la fin pour chaque morceau ?
H : On a la chance avec Jay, justement, c’est pour ça qu’on a énormément apprécié de bosser ensemble, on a une capacité à objectiver les choses subjectives, on discute beaucoup des morceaux, on a passé autant de temps à en parler qu’à les faire. On arrive assez vite à savoir ou on veut aller, y’ aux travail ou on fait intervenir des featurings, normalement on rajoute le truc, on ajuste donc assez rapidement, on a le résultat et le plaisir de finir.
SJ : On a eu l’idée de base, on communique aux featurings, eux l’interprètent à leur manière.
Ok c’est comme ça
Le but c’est de rebondir à partir d’e ça pour avoir une idée finale.
Il faut trouver la finalité de ce qu’on avait prévu au départ.
y’a un cahier des charges dans la méthode, t’as une idée artistique et après il faut trouver le chemin pour y arriver.
C’est là où on a réussi à être efficients car on a commencé 10 morceaux avec une idée en tête et on les a tous finalisés.
KS : L’importance du vinyle pour vous dans votre travail de beatmaking ?
H : C’est central, en fait, c’est le début et c’est la fin, c’est dire que ça part d’un sample sur vinyle et ça se finit par un album qu’on presse en vinyle.
KS : La boucle est bouclée ?
H : Non… on est tous les deux djs à la base. On a acheté des vinyles pendant des années, on continue à collectionner. Je sample exclusivement en vinyle pour éviter de tomber dans un espèce de monde complètement Youtube où j’ai l’impression que c’est accessible à tout le monde.
Mon but c’est de trouver des choses qui n’existent qu’en vinyle. Je fais deux trucs :
je tape sur youtube, si ça sort pas, si rien c’est bien et même le mieux c’est que ça sorte même pas sur Shazam. T’es dans un univers où personne ne pourra trouver d’où ça vient.
Quand on pense à la pochette du disque, on pense jamais à un cd, on pense toujours directement à un vinyle.
Il faut savoir aussi que Chinese Man qui a été créé avant Chinese Man, c’était juste parce qu’on était plein de producteurs et djs et qu’on voulait avoir notre musique pour pouvoir la jouer en soirée. Donc on a commencé en faisant un premier maxi à 500 exemplaires et ça a toujours été le début et la finalité.
KS : ça a commencé il y a combien de temps?
Là, on a fêté nos 15 ans… !
KS : Etes vous instrumentistes ? Est ce que vous jouez aussi la musique ? Y’a t il toujours des intervenants pour compléter le boulot ?
SJ : C’est anecdotique dans le sens où les platines ont été envisagées de base comme des instruments.
C’est vraiment le matériel sur lequel on a passé autant de temps qu’un guitariste passerait sur sa guitare.
Le vocabulaire, de fait, est différent que les instruments traditionnels donc c’est un vocabulaire qui permet aussi de faire une musique différente et avec le beatmaking, productions, forcément, tu reviens aux fondamentaux de la musique parce que tu les réinventes pas non plus.
Un moment donné tu en as besoin pour remettre en forme les choses et c’est pour ça qu’on a fait appel à une cheffe d’orchestre sur l’album pour mettre en place certaines parties orchestrales. On a fait appel à General Electric qui est un clavier hors paire, issu du jazz et pour justement ramener certaines choses qu’on va pas tenter de faire.
On sait qu’elles appartiennent à un autre domaine d’expertise, donc si on en a besoin, on fait appel à des experts pour la jouer et on essaie pas de la singer.
KS : Vous avez du coup au moins l’expertise de vos oreilles ?
H : Moi, j’ai que mes oreilles pour tout ça puisque je ne sais pas lire une partition donc autant te dire qu’on parle de loin. Jay a plus de notions de musique…
Je sais même pas où est le Do sur un piano (rires)
SJ : Je sais où est me Do sur un piano on m’adit qu’il était pas loin du Ré…
Les nouvelles générations ont écouté du rap et sont allées au conservatoire.
y’ a tout ce côté instinctif et qui est lié à une pratique acharnée de cet instrument, la platine qui a la base est un lecteur.
Un moment, avoir des nouvelles idées, c’est aussi savoir appréhender les choses différemment.
Elles sortent du conservatoire. Chaque génération a sa manière de
C’est un cycle d’instrument qui rentre dans la norme et qui engendre d’autres choses comme aujourd’hui les plugins donnent les moyens de faire autre chose et d’engendrer autre chose, etc.
KS : Vécu de la pandémie mondiale, de la crise ou situation sanitaire?
Honnêtement euh…pas bien …après on va pas se plaindre plus que ça… mais c’est vrai que comme j’ai dit : on s’est pris le confinement (dans les dents ) 3 jours avant de partir en tournée, on partait pour 60 dates avec le tour bus…on est rentré chez nous s’enfermer? c’est un peu dur !
Mais mine de rien, ça fait quinze qu’on fait ça ton corps, ton cerveau il est habitué à se faire des shoots de dopamine et d’adréhalyne avec les tournées. Au dé
Je me suis dis on va poser, je vais faire mon pain comme tout le monde.
Au bout de mois, tu repousses et tu repousses les tournées.
Même si tu gardes le truc de te dire : je suis pas malade, je suis pas à la rue, je suis pas dans la merde, je ne suis pas à l’hopital.
Au bout d’un moment, on a un sentiment inutilité qui vient peser sur toi que tu le veuilles ou pas.
Je vois mon corps, mon cerveau depuis que ça repart
Des moments pendant le confinement, limite, tu te forces à te lever parce que qu’on fasse un truc aujourd’hui ou pas, ça changera pas la donne. C’est aussi pour ça qu’on avait en tête de travailler ensemble depuis longtemps. Y’ a un côté un peu psychanalyse, faut trouver un truc à faire, faut qu’on fasse un projet. On savait pas que ça serait 2 ans à la base.C’est pour ça qu’on est passé d’un titre à un album parce que sinon on allait péter un câble, il fallait qu’on se concentre sur quelque chose parce qu’on a senti que ça allait durer.
On est pas à plaindre, on est intermittent du spectacle en France, pour avoir des potes anglais qui sont mcs et des, on est extrêmement privilégiés.Tu touches une aide de Pôle Emploi. T’en viens presque à culpabiliser.
Sachant qu’il fallut faire son intermittence alors même que les concerts étaient repoussés et pas possible, il fallait quand même aussi se renouveler dans des choses moins fête le côté musique comme exutoire des frustrations, de ces angoisses.
C’est toujours quelque chose qui est toujours très moteur. Paradoxalement, moins ça va bien et plus c’est moteur.T’es pas juste perdu dans les limbes de l’artistique, y’a un côté où tu te projettes. T’as un coup d’avance sur ce que tu fais et sur ce que tu vas faire. Comment tu le mets en oeuvre.
Y’a tout un côté irrationnel et anxiogène et donc ça vient juste parasiter tout ce qui devrait être frais, ce que tu veux faire.
ça permet un moment de rationnaliser, d’objectiver les choses là dans une période où ton cerveau est quand même très parasité par le côté anxiogène de la situation.
KS : Le public ? par rapport à cette division du public pour son accès au concert? Vous voyez ça comment ? (Pass, Vaccins, Tests, etc.)
A l’instarr de HK et d’autres ont pris un partie de planter les tournées pour ne pas cautionner…
H : Très honnêtement, de mon point de vue, ça fait deux ans que je tourne plus donc peu importe comment on retourne. C’est mon moteur. Donc un moment donnée donc si y’ a des contraintes pour que je retourne en concert, ben, je les accepte. Je rentrerai pas dans le débat pour dire si je suis d’accord ou pas, ce que je voi, c’est que y’a des gens qui veulent venir nous voir et nous on a envie aussi d’être en concert, juste le truc que j’ai envie d’être sur scène.
Si c’est possible et que c’est pas dangereux pour les gens, j’ai envie que ça se fasse.
SJ : En tant qu’artiste, j’ai jamais manqué un concert de ma vie. L’arrête maladie est pas pareil qu’un travail lambda. Est
De base quand tu fais de la musique, tu le mets corps et âme dedans, si je suis grippé, si j’ai la migraine, je monte quand même sur scène, etc. Tout à coup, être dans quelque chose où tu as des doutes sur ton intégrité physique.
C’est un stress, c’est déjà quelque chose qui est hyper compliqué de conceptualiser sur le temps ta carrière. A près tu rentres dans des choses qui sont irrationnelles et c’est encore plus dur de s’y projeter en tant que métier.
KS : Des envies de featurings, des collaborations en perspectives ?
H : Ecoute là, comme on vient de sortir de l’album, on recommence juste à faire des petites maquettes, oui, on a des envies en tête mais j’ai pas envie d’en parler là parce qu’après on va vouloir nous piquer nos featurings…
Soit la sphère du Label Chinese Man Records Youth star, Miscelllanous, etc. ça, ce sont des gens du label mais on aime bien aller chercher des gens moins connus, différents. On essaie de trouver des voix particulières, des choses un peu hybrides, avec Bold, notre intérêt premier ne porte pas particulièrement sur des rappeurs, on s’intéresse pas mal à des textures de voix assez particulières comme Big Ranx.
SJ ; Pour recentrer la question, on a pas de frustrations par rapport à l’album qu’on sort. on a pas eu des gens à qui on a demandé et qu’on a pas eu. Le fait de terminer cet album qui sort, on a envie de travailler avec des nouvelles personnes à qui on va demander d’autres choses qu’on va mettre sur de nouvelles maquettes.
Y’a pas de chose qui ont été laissée en cours et qu’on se dit il faut les terminer, voilà.
KS : Des Dédicaces ? un mot pour la fin ? Coups de coeur artistiques ?
H : Dédicace à notre label déjà: Chinese Man Label, 15 ans d’indépendance, donc tout l’équipe du label, à tous les gens qui vont venir sur la tournée des grooves sessions 5 qui reprend en Mars 2022.
En coup de coeur ces derniers temps, un artiste pas très connu en France qui s’appelle Leon Bridgies, qui est anglais et qui fait de la soul funk et c’est juste une tuerie absolue.
Allez jeter une oreille du côté de l’Afrique du Sud avec toute la mouvance Ama Piano qui est une espèce de House Tribale avec des basses complètement perchées, on peut trouver pas mal de titres sur Youtube et c’est vraiment un style hyper novateur. Voilà
KS : Vous achetez toujours des vinyles ?
H : Des vinyles d’occasion, des nouveautés. Ce qui a changé dans le temps c’est qu’avant on achetait des disques pour les jouer en soirée, ce qui n’est plus le cas parce qu’on fonctionne tous avec des Serato.
C’est devenu plus une collection de disques à écouter qu’à jouer mais oui toujours !
King Siroko – Mars 2022.
Liens Internet :
Singles déjà disponibles :
« Shook » (19/11), « Kilowatt » feat. Biga*Ranx (24/09), « Icarus » feat. Stogie T (23/07) et « Ghost Killer » feat. General Elektriks (25/06) sont à retrouver dans la playlist YouTube de BOLD et sur les plateformes digitales.
https://www.youtube.com/watch?v=SK3GEGWzNX4
https://www.youtube.com/watch?v=2VRxiMg6nck
https://www.chinesemanrecords.com/bold/bold-bold/61897/
Rencontre en retard ! Rencontre en expresse mais en haute qualité et en mode Hip-Hop…
Un Hip-Hop avant tout instrumentale mais aussi vocale qui sort du lot et croise les styles pour le meilleur et le meilleur du freshhhh ! Nous sommes dans un des studios de répétition parisiens de la Luna Rossa, lieu connu et sympathique où nos interviewés ont fait halte. Me voici face à BOLD, un groupe de djs/ beat-makers qui réunit deux figures de la scène hip-hop marseillaise.
C’est pour la promotion de leur dernier projet Bold - sorti en janvier 2022 – qu’ils ont fait ces kilomètres depuis leur province ou autrement dit de Marseille, Massilia…
Une rencontre agréable où ils nous ouvrent leur univers et l’intimité de leur duo, le temps de savourer un canapé et le chaud d’un intérieur où se massent les groupes pour créer et répéter la musique… ça tombe bien ! Le temps de mettre en route l’enregistreur « téléphone » (un peu à l’arrache!) à vous les studios… faites parler les artistes, à vous BOLD !
King Siroko (KS): pour commencer, pouvez vous nous faire une petite présentation de chacun au sein de Bold ?
High Ku (H) : Combinaison de Haiku membre fondateur du label Chinese Man Records et de Chinese Man.
Supa Jay (SJ): Moi-même Supa-Jay, leader et compositeur du groupe Scratch Bandit Crew (S.B.C.) et signé sur le label Chinese Man Records.
KS : Donc vous êtes en famille ?
Exactement (rires).
KS : Que signifie Bold ? C’est quoi cette histoire de Bold?
H : Bold ça veut dire téméraire, audacieux et, c’est aussi par rapport aux polices de caractère : ça signifie « en gras » donc plus remarqué. Également, dans une sous-catégorie blague, B O L D ça veut dire chauve en anglais et, comme tu vois, on est pas très fourni au niveau du crâne ! (rires)
Et enfin une dernière signification : puisqu’on vient du Hip-Hop et qu’on a toujours graffé, taggué, les mots en 4 lettres, c’est tout un tas de blases (surnoms) de graffeur.
KS : Et ça veut peut être dire aussi « Phat »(lourd), non ?
H : Ouais, exactement!
SJ : Dans le sens où le côté « audacieux » se traduit un peu dans la musique qu’on a entreprise qui est, à la fois, le côté des sonorités très puissantes de ce qui se fait aujourd’hui (trap, drill) et des choses plus sensibles qui viennent notamment du travail de sampling et de composition qui vient autour avec des parties plus instrumentales, c’est cette dualité.
KS : Votre rencontre ? Vous vous connaissiez déjà ?
H : Alors on se connaît avec Jay … depuis on a calculé, ça fait une quinzaine d’années qu’on se connaît, forcément, on a des univers très proches, on s’est croisé via les tournées, un peu par hasard au début, on s’est croisé une première fois et on a commencé à sympathiser; puis on s’est recroisé une deuxième fois 2 mois après.
S.B.C. (Scratch Bandit Crew) ont signé sur le label Chinese Man Record en 2015 ce qui a donné l’occasion de se voir davantage…
Y’a 2 ans maintenant, on a fait ensemble les groove sessions (volume 5).
Les grooves Sessions, c’est une photo, un instantané du label, la première doit dater de 2014 et en général, y’a des morceaux de chaque groupe mais là, pour cette session, pour ce projet là on a mélangé 3 projets, Barra Frequencia, SBC et Chinese Man. On a fait une création commune
On est partis s’enfermer à la montagne, chacun est parti composé avec tout le monde et on a fait une quinzaine de maquettes, on a eu l’occasion de bosser ensemble
Malheureusement 3 jours avant la première le confinement est arrivé, donc on a jamais fait la première de ce spectacle et du coup, genre un mois après le confinement, j’avais dit à Jay j’ai des morceaux de côté, c’est des trucs que je vais pas faire avec Chinese, et est-ce que ça t’intéresserait qu’on essaie? Ensuite, j’ai fait ma petite maquette avec mes platines, à l’arrache, de mon côté avec des samples puis il m’a renvoyé des morceaux remixés, composés.
A partir de là a fait un morceau, 2 morceaux, 3 morceaux et puis on a fini par décider de faire un album et de faire un groupe par la même occasion.
KS : Comment vous procédez pour la composition à plusieurs ?
SJ : En fait, de base, c’est Haiku qui fait des maquettes à base de sample qu’il trouve, des maquettes assez minimales mais très efficientes au niveau de l’intention du morceau.
Je fais une deuxième couche de propositions et de compositions avec des platines mais aussi avec tout le côté programmation, instruments virtuels ou vrais instruments et du coup, après c’est une sorte de ping-pong chaque fois qu’on se retrouve.
KS : Quand est ce que vous placez la fin pour chaque morceau ?
H : On a la chance avec Jay, justement, c’est pour ça qu’on a énormément apprécié de bosser ensemble, on a une capacité à objectiver les choses subjectives, on discute beaucoup des morceaux, on a passé autant de temps à en parler qu’à les faire. On arrive assez vite à savoir ou on veut aller, y’ aux travail ou on fait intervenir des featurings, normalement on rajoute le truc, on ajuste donc assez rapidement, on a le résultat et le plaisir de finir.
SJ : On a eu l’idée de base, on communique aux featurings, eux l’interprètent à leur manière.
Ok c’est comme ça
Le but c’est de rebondir à partir d’e ça pour avoir une idée finale.
Il faut trouver la finalité de ce qu’on avait prévu au départ.
y’a un cahier des charges dans la méthode, t’as une idée artistique et après il faut trouver le chemin pour y arriver.
C’est là où on a réussi à être efficients car on a commencé 10 morceaux avec une idée en tête et on les a tous finalisés.
KS : L’importance du vinyle pour vous dans votre travail de beatmaking ?
H : C’est central, en fait, c’est le début et c’est la fin, c’est dire que ça part d’un sample sur vinyle et ça se finit par un album qu’on presse en vinyle.
KS : La boucle est bouclée ?
H : Non… on est tous les deux djs à la base. On a acheté des vinyles pendant des années, on continue à collectionner. Je sample exclusivement en vinyle pour éviter de tomber dans un espèce de monde complètement Youtube où j’ai l’impression que c’est accessible à tout le monde.
Mon but c’est de trouver des choses qui n’existent qu’en vinyle. Je fais deux trucs :
je tape sur youtube, si ça sort pas, si rien c’est bien et même le mieux c’est que ça sorte même pas sur Shazam. T’es dans un univers où personne ne pourra trouver d’où ça vient.
Quand on pense à la pochette du disque, on pense jamais à un cd, on pense toujours directement à un vinyle.
Il faut savoir aussi que Chinese Man qui a été créé avant Chinese Man, c’était juste parce qu’on était plein de producteurs et djs et qu’on voulait avoir notre musique pour pouvoir la jouer en soirée. Donc on a commencé en faisant un premier maxi à 500 exemplaires et ça a toujours été le début et la finalité.
KS : ça a commencé il y a combien de temps?
Là, on a fêté nos 15 ans… !
KS : Etes vous instrumentistes ? Est ce que vous jouez aussi la musique ? Y’a t il toujours des intervenants pour compléter le boulot ?
SJ : C’est anecdotique dans le sens où les platines ont été envisagées de base comme des instruments.
C’est vraiment le matériel sur lequel on a passé autant de temps qu’un guitariste passerait sur sa guitare.
Le vocabulaire, de fait, est différent que les instruments traditionnels donc c’est un vocabulaire qui permet aussi de faire une musique différente et avec le beatmaking, productions, forcément, tu reviens aux fondamentaux de la musique parce que tu les réinventes pas non plus.
Un moment donné tu en as besoin pour remettre en forme les choses et c’est pour ça qu’on a fait appel à une cheffe d’orchestre sur l’album pour mettre en place certaines parties orchestrales. On a fait appel à General Electric qui est un clavier hors paire, issu du jazz et pour justement ramener certaines choses qu’on va pas tenter de faire.
On sait qu’elles appartiennent à un autre domaine d’expertise, donc si on en a besoin, on fait appel à des experts pour la jouer et on essaie pas de la singer.
KS : Vous avez du coup au moins l’expertise de vos oreilles ?
H : Moi, j’ai que mes oreilles pour tout ça puisque je ne sais pas lire une partition donc autant te dire qu’on parle de loin. Jay a plus de notions de musique…
Je sais même pas où est le Do sur un piano (rires)
SJ : Je sais où est me Do sur un piano on m’adit qu’il était pas loin du Ré…
Les nouvelles générations ont écouté du rap et sont allées au conservatoire.
y’ a tout ce côté instinctif et qui est lié à une pratique acharnée de cet instrument, la platine qui a la base est un lecteur.
Un moment, avoir des nouvelles idées, c’est aussi savoir appréhender les choses différemment.
Elles sortent du conservatoire. Chaque génération a sa manière de
C’est un cycle d’instrument qui rentre dans la norme et qui engendre d’autres choses comme aujourd’hui les plugins donnent les moyens de faire autre chose et d’engendrer autre chose, etc.
KS : Vécu de la pandémie mondiale, de la crise ou situation sanitaire?
Honnêtement euh…pas bien …après on va pas se plaindre plus que ça… mais c’est vrai que comme j’ai dit : on s’est pris le confinement (dans les dents ) 3 jours avant de partir en tournée, on partait pour 60 dates avec le tour bus…on est rentré chez nous s’enfermer? c’est un peu dur !
Mais mine de rien, ça fait quinze qu’on fait ça ton corps, ton cerveau il est habitué à se faire des shoots de dopamine et d’adréhalyne avec les tournées. Au dé
Je me suis dis on va poser, je vais faire mon pain comme tout le monde.
Au bout de mois, tu repousses et tu repousses les tournées.
Même si tu gardes le truc de te dire : je suis pas malade, je suis pas à la rue, je suis pas dans la merde, je ne suis pas à l’hopital.
Au bout d’un moment, on a un sentiment inutilité qui vient peser sur toi que tu le veuilles ou pas.
Je vois mon corps, mon cerveau depuis que ça repart
Des moments pendant le confinement, limite, tu te forces à te lever parce que qu’on fasse un truc aujourd’hui ou pas, ça changera pas la donne. C’est aussi pour ça qu’on avait en tête de travailler ensemble depuis longtemps. Y’ a un côté un peu psychanalyse, faut trouver un truc à faire, faut qu’on fasse un projet. On savait pas que ça serait 2 ans à la base.C’est pour ça qu’on est passé d’un titre à un album parce que sinon on allait péter un câble, il fallait qu’on se concentre sur quelque chose parce qu’on a senti que ça allait durer.
On est pas à plaindre, on est intermittent du spectacle en France, pour avoir des potes anglais qui sont mcs et des, on est extrêmement privilégiés.Tu touches une aide de Pôle Emploi. T’en viens presque à culpabiliser.
Sachant qu’il fallut faire son intermittence alors même que les concerts étaient repoussés et pas possible, il fallait quand même aussi se renouveler dans des choses moins fête le côté musique comme exutoire des frustrations, de ces angoisses.
C’est toujours quelque chose qui est toujours très moteur. Paradoxalement, moins ça va bien et plus c’est moteur.T’es pas juste perdu dans les limbes de l’artistique, y’a un côté où tu te projettes. T’as un coup d’avance sur ce que tu fais et sur ce que tu vas faire. Comment tu le mets en oeuvre.
Y’a tout un côté irrationnel et anxiogène et donc ça vient juste parasiter tout ce qui devrait être frais, ce que tu veux faire.
ça permet un moment de rationnaliser, d’objectiver les choses là dans une période où ton cerveau est quand même très parasité par le côté anxiogène de la situation.
KS : Le public ? par rapport à cette division du public pour son accès au concert? Vous voyez ça comment ? (Pass, Vaccins, Tests, etc.)
A l’instarr de HK et d’autres ont pris un partie de planter les tournées pour ne pas cautionner…
H : Très honnêtement, de mon point de vue, ça fait deux ans que je tourne plus donc peu importe comment on retourne. C’est mon moteur. Donc un moment donnée donc si y’ a des contraintes pour que je retourne en concert, ben, je les accepte. Je rentrerai pas dans le débat pour dire si je suis d’accord ou pas, ce que je voi, c’est que y’a des gens qui veulent venir nous voir et nous on a envie aussi d’être en concert, juste le truc que j’ai envie d’être sur scène.
Si c’est possible et que c’est pas dangereux pour les gens, j’ai envie que ça se fasse.
SJ : En tant qu’artiste, j’ai jamais manqué un concert de ma vie. L’arrête maladie est pas pareil qu’un travail lambda. Est
De base quand tu fais de la musique, tu le mets corps et âme dedans, si je suis grippé, si j’ai la migraine, je monte quand même sur scène, etc. Tout à coup, être dans quelque chose où tu as des doutes sur ton intégrité physique.
C’est un stress, c’est déjà quelque chose qui est hyper compliqué de conceptualiser sur le temps ta carrière. A près tu rentres dans des choses qui sont irrationnelles et c’est encore plus dur de s’y projeter en tant que métier.
KS : Des envies de featurings, des collaborations en perspectives ?
H : Ecoute là, comme on vient de sortir de l’album, on recommence juste à faire des petites maquettes, oui, on a des envies en tête mais j’ai pas envie d’en parler là parce qu’après on va vouloir nous piquer nos featurings…
Soit la sphère du Label Chinese Man Records Youth star, Miscelllanous, etc. ça, ce sont des gens du label mais on aime bien aller chercher des gens moins connus, différents. On essaie de trouver des voix particulières, des choses un peu hybrides, avec Bold, notre intérêt premier ne porte pas particulièrement sur des rappeurs, on s’intéresse pas mal à des textures de voix assez particulières comme Big Ranx.
SJ ; Pour recentrer la question, on a pas de frustrations par rapport à l’album qu’on sort. on a pas eu des gens à qui on a demandé et qu’on a pas eu. Le fait de terminer cet album qui sort, on a envie de travailler avec des nouvelles personnes à qui on va demander d’autres choses qu’on va mettre sur de nouvelles maquettes.
Y’a pas de chose qui ont été laissée en cours et qu’on se dit il faut les terminer, voilà.
KS : Des Dédicaces ? un mot pour la fin ? Coups de coeur artistiques ?
H : Dédicace à notre label déjà: Chinese Man Label, 15 ans d’indépendance, donc tout l’équipe du label, à tous les gens qui vont venir sur la tournée des grooves sessions 5 qui reprend en Mars 2022.
En coup de coeur ces derniers temps, un artiste pas très connu en France qui s’appelle Leon Bridgies, qui est anglais et qui fait de la soul funk et c’est juste une tuerie absolue.
Allez jeter une oreille du côté de l’Afrique du Sud avec toute la mouvance Ama Piano qui est une espèce de House Tribale avec des basses complètement perchées, on peut trouver pas mal de titres sur Youtube et c’est vraiment un style hyper novateur. Voilà
KS : Vous achetez toujours des vinyles ?
H : Des vinyles d’occasion, des nouveautés. Ce qui a changé dans le temps c’est qu’avant on achetait des disques pour les jouer en soirée, ce qui n’est plus le cas parce qu’on fonctionne tous avec des Serato.
C’est devenu plus une collection de disques à écouter qu’à jouer mais oui toujours !
King Siroko – Mars 2022.
Liens Internet :
Singles déjà disponibles :
« Shook » (19/11), « Kilowatt » feat. Biga*Ranx (24/09), « Icarus » feat. Stogie T (23/07) et « Ghost Killer » feat. General Elektriks (25/06) sont à retrouver dans la playlist YouTube de BOLD et sur les plateformes digitales.
https://www.youtube.com/watch?v=SK3GEGWzNX4
https://www.youtube.com/watch?v=2VRxiMg6nck
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