La musique de Baloji est devenue au fil des années de plus en plus africaine. « Je vais souvent là-bas », confirme l’intéressé. « Je bosse avec des musiciens en Métropole et sur le continent. Tout est joué sur l’album, seuls les beats sont programmés, et il y a quelques samples, qui sont intégrés ou rejoués. Cela peut être très varié, on a samplé le pianiste Gonzales, par exemple. Rien à voir avec de la musique africaine pour le coup ».
À la réalisation, Baloji commence lui-même ses productions, « par nécessité, parce que je ne trouvais personne qui était intéressé par ce genre de délire ». Venu du hip-hop – avec le groupe belge Starflam – il conserve une approche très sample. « Les morceaux sont construits sur un thème, une loop qu’on reproduit ». Ensuite arrivent les musiciens, pour les guitares et les basses. « Après, ça redevient un truc de beatmaker, pour tout ce qui est batteries. Et il y a beaucoup d’infras, de subs », de machines finalement.
« Sur scène, on rejoue les morceaux avec les musiciens », poursuit Baloji, qui est à La Réunion pour la troisième fois. « La formation a évolué depuis l’année dernière, lors de notre passage au Sakifo. Il y a un nouveau batteur, qui joue à la The Roots. On se rapproche d’un son hip-hop, avec des loops, des séquences qui accompagnent. C’est différent de l’année dernière. » Les spectateurs de ce week-end confirmeront.
Une chose notamment nous a interpellé à l’écoute de l’album. Ce sont ces morceaux doubles, comme dans le jazz ou la musique classique. Pourquoi ce choix ? « En musique classique, ils appellent ça des mouvements, c’est plusieurs fois le même thème joué sur des tonalités différentes. Je n’ai rien inventé, c’est juste que j’ai un thème et que je trouve intéressant de le traiter de plusieurs manières ».
Ainsi le sample de Gonzales, un pianiste canadien s’inspirant d’Erik Satie, connu pour jouer sur des tonalités différentes, a donné l’idée à Baloji. « J’ai essayé de reproduire ça, par exemple sur un morceau qui s’appelle ‘L’hiver indien’, qui démarre sur un mode super enjoué et à mi-parcours, c’est le même morceau, mais en mode mineur, dans une tonalité complètement dark ». Le texte est au diapason, avec une première partie « faussement enjouée, et l’autre où je suis beaucoup plus sinistre ».
Et il y a ces surprises, ici ou là. Comme cette voix de femme qui surgit, et vous susurre une phrase à l’oreille. « J’ai juste voulu me faire plaisir. Je suis vraiment un enfant du hip-hop. La première fois que j’ai entendu OutKast, je me suis dit C’est quoi ce truc, c’est pas ça du rap. Ça n’avait rien à voir. Three 6 Mafia pareil, ou des trucs californiens que tout le monde trouve génial aujourd’hui, mais à l’époque ce n’était pas comme on faisait ».
À part, Baloji ? Certainement, et tant mieux. « Je m’en rend compte maintenant. Je suis vraiment dans mon élément. Il faut prendre du temps et laisser ce genre de projets exister. Quand mon album est arrivé, les gens se sont dit What the fuck ? (rires) ». Et en même temps, pour ceux qui ont suivi l’aventure (Hôtel Impala en 2007, Kinshasa Succursale en 2011, et maintenant ce 137 Avenue Kaniama), on sent une évolution, une continuité même. « Sauf que dans ce disque on va beaucoup plus loin, on s’est vraiment amusé ».
Baloji est aussi scénariste, acteur, performer, vidéaste et styliste. Pour vous faire une idée, regardez son court-métrage Zombies, une petite pépite de cinéma indépendant.
Laurent PerrinEn concert
Vendredi 26 avril au Kerveguen (Saint-Pierre)
Samedi 27 avril à la Cité Des Arts (Saint-Denis)
Dimanche 28 avril à 17h30 au Kabardock (Le Port) *1ère partie annulée
La musique de Baloji est devenue au fil des années de plus en plus africaine. « Je vais souvent là-bas », confirme l’intéressé. « Je bosse avec des musiciens en Métropole et sur le continent. Tout est joué sur l’album, seuls les beats sont programmés, et il y a quelques samples, qui sont intégrés ou rejoués. Cela peut être très varié, on a samplé le pianiste Gonzales, par exemple. Rien à voir avec de la musique africaine pour le coup ».
À la réalisation, Baloji commence lui-même ses productions, « par nécessité, parce que je ne trouvais personne qui était intéressé par ce genre de délire ». Venu du hip-hop – avec le groupe belge Starflam – il conserve une approche très sample. « Les morceaux sont construits sur un thème, une loop qu’on reproduit ». Ensuite arrivent les musiciens, pour les guitares et les basses. « Après, ça redevient un truc de beatmaker, pour tout ce qui est batteries. Et il y a beaucoup d’infras, de subs », de machines finalement.
« Sur scène, on rejoue les morceaux avec les musiciens », poursuit Baloji, qui est à La Réunion pour la troisième fois. « La formation a évolué depuis l’année dernière, lors de notre passage au Sakifo. Il y a un nouveau batteur, qui joue à la The Roots. On se rapproche d’un son hip-hop, avec des loops, des séquences qui accompagnent. C’est différent de l’année dernière. » Les spectateurs de ce week-end confirmeront.
Une chose notamment nous a interpellé à l’écoute de l’album. Ce sont ces morceaux doubles, comme dans le jazz ou la musique classique. Pourquoi ce choix ? « En musique classique, ils appellent ça des mouvements, c’est plusieurs fois le même thème joué sur des tonalités différentes. Je n’ai rien inventé, c’est juste que j’ai un thème et que je trouve intéressant de le traiter de plusieurs manières ».
Ainsi le sample de Gonzales, un pianiste canadien s’inspirant d’Erik Satie, connu pour jouer sur des tonalités différentes, a donné l’idée à Baloji. « J’ai essayé de reproduire ça, par exemple sur un morceau qui s’appelle ‘L’hiver indien’, qui démarre sur un mode super enjoué et à mi-parcours, c’est le même morceau, mais en mode mineur, dans une tonalité complètement dark ». Le texte est au diapason, avec une première partie « faussement enjouée, et l’autre où je suis beaucoup plus sinistre ».
Et il y a ces surprises, ici ou là. Comme cette voix de femme qui surgit, et vous susurre une phrase à l’oreille. « J’ai juste voulu me faire plaisir. Je suis vraiment un enfant du hip-hop. La première fois que j’ai entendu OutKast, je me suis dit C’est quoi ce truc, c’est pas ça du rap. Ça n’avait rien à voir. Three 6 Mafia pareil, ou des trucs californiens que tout le monde trouve génial aujourd’hui, mais à l’époque ce n’était pas comme on faisait ».
À part, Baloji ? Certainement, et tant mieux. « Je m’en rend compte maintenant. Je suis vraiment dans mon élément. Il faut prendre du temps et laisser ce genre de projets exister. Quand mon album est arrivé, les gens se sont dit What the fuck ? (rires) ». Et en même temps, pour ceux qui ont suivi l’aventure (Hôtel Impala en 2007, Kinshasa Succursale en 2011, et maintenant ce 137 Avenue Kaniama), on sent une évolution, une continuité même. « Sauf que dans ce disque on va beaucoup plus loin, on s’est vraiment amusé ».
Baloji est aussi scénariste, acteur, performer, vidéaste et styliste. Pour vous faire une idée, regardez son court-métrage Zombies, une petite pépite de cinéma indépendant.
Laurent PerrinEn concert
Vendredi 26 avril au Kerveguen (Saint-Pierre)
Samedi 27 avril à la Cité Des Arts (Saint-Denis)
Dimanche 28 avril à 17h30 au Kabardock (Le Port) *1ère partie annulée